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Double Contact - Baptiste Lecaplain: "Payet n’a que des Pringles dans son armoire à trophées"

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RMC Sport a sa rubrique "culture-sport" baptisée "Double Contact". Tout au long de l’année, on vous propose des entretiens intimes et décalés, avec des artistes qui font l’actualité. Alors qu’il est en tournée dans toute la France avec son spectacle "Voir les gens", on a rencontré Baptiste Lecaplain. En grande forme, l’humoriste de 37 ans, nous parle de la difficulté de soutenir Bordeaux en Ligue 2, des footballeurs en surpoids et de la communication de Karim Benzema sur les réseaux.

Il est né en Normandie mais il vibre pour Bordeaux. Depuis toujours. Ou presque. Baptiste Lecaplain est devenu un inconditionnel des Girondins le 19 mars 1996, lorsque les coéquipiers de Zinedine Zidane ont renversé le grand Milan en quart de finale retour de la Coupe de l’UEFA (3-0). "C’est pour ça qu’il ne faut pas galvauder l’Europa League. Il faut aller à fond dans ce genre de matchs, parce que ça fait naître des passions chez pleins de gosses", glisse-t-il lorsqu’on le rencontre dans les locaux d’UnifootTV, au nord-est de Paris.

Vingt-sept après l’exploit du Parc Lescure, Baptiste est devenu acteur et humoriste. Il est actuellement en tournée dans toute la France avec son spectacle "Voir les gens". La frappe sous la barre de Christophe Dugarry n’est plus qu’un lointain souvenir, mais il continue de supporter les Bordelais, qui évoluent désormais en Ligue 2. Avec des yeux forcément moins brillants et pas mal de nostalgie.

"On a pris 96 buts dans la tronche"

"Je n’ai pas assez savouré les bonnes années, c’est ce que je me dis, regrette ce grand fan de Johan Micoud. L’année où ils sont champions avec Gourcuff (en 2009), je suis tous les soirs sur scène avec mon premier spectacle et je n’ai pas vu autant de matchs que je l’aurais souhaité. Je n’ai pas lâché depuis mais je n’ai pas assez savouré. Même la Coupe de France contre Evian-Thonon-Gaillard (en 2013), j’étais content mais bon, je me suis dit c’est cool. Aujourd’hui, qu’est-ce que je paierais cher pour revivre cette finale… L’année dernière, on est quand même la pire défense d’Europe. On a pris 96 buts dans la tronche!"

Sa passion dévorante pour les Girondins lui vaut parfois les chambrages de ses filles. Mais il ne lâche pas, en s’accrochant notamment au talent précoce de Junior Mwanga, le défenseur central de 19 ans. Avec l’espoir que le club au scapulaire retrouve rapidement sa place dans l’élite. En attendant, Lecaplain nous confie des anecdotes assez lunaires sur son club de cœur, dont il connaît bien les coulisses. Alors que les Girondins étaient derniers de Ligue 1 l’an passé, un joueur offensif est par exemple venu le voir pour lui demander comment devenir figurant au cinéma. De quoi le faire halluciner...

"Joe DaGrosa ne m’a parlé que de meufs"

Le vanneur de 37 ans se souvient aussi d’un échange improbable avec Joe DaGrosa, l’ancien propriétaire américain de Bordeaux. "J’ai parlé foot une minute avec lui, témoigne-t-il. Le reste, il ne m’a parlé que de meufs. Il m’a dit: ‘Tu la connais elle?’. Il me montrait des photos d’actrices. Je lui ai dit: ‘Ouais, je la connais’. ‘Elle est jolie, elle a un mec?’ ‘Ouais’. ‘Ah merde, et elle, tu la connais?’ ‘Ok Joe. Et sinon, on a un milieu qui arrive?’ ‘Oh je ne sais pas, ce n’est pas moi qui gère’. ‘Mais sinon, le business plan, c’est quoi?’ ‘Pfff, je ne sais pas’. J'ai fait: ‘Ok, on est dans merde…’"

Ancien basketteur de bon niveau et aujourd’hui accroc au running (il court quasiment tous les jours), Baptiste Lecaplain ne supporte pas de voir des footballeurs en surpoids: "Ça me rend ouf de voir des gars qui ont du bide. Wahbi Khazri, je l’ai vu une ou deux fois en serviette, mais mec, le talent qu’il a, c’est un joueur génialissime. Il était super fort. Ouais, mais il va manger ses petits crêpes au chocolat. C’est dommage. Dimitri Payet, son armoire à trophées, il n’y a que des Pringles dedans. Je suis désolé, mais c’est terrible. Ça me rend dingue. C’est ton outil de travail, respecte-toi."

"La communication de Benzema, c’est une catastrophe"

En fin d’année dernière, Baptiste a particulièrement vibré lors de la finale de la Coupe du monde 2022 entre la France et l’Argentine (3-3, 4 tab à 2). Et il a eu beaucoup de mal à s’en remettre: "Je n’ai pas parlé pendant deux jours, assure celui qui sera à l’Olympia de Paris du 11 au 14 avril. Ma belle-mère m’a dit: ‘C’est un peu beauf comme comportement’. Je vais encaisser la déception, il faut me laisser un peu de temps. Ça m’a dégoûté, parce que j’y ai cru. Ce qui était un peu énervant, je ne veux pas faire offense à mon beau-père, c’est que j’ai regardé le match avec des amis alsaciens de mon beau-père. Niveau foot, c’est pas trop ça. ‘Ah il joue bien lui, j’aime bien son style’. C’était Angel Di Maria…"

Déçu de ne pas avoir vu Karim Benzema au Qatar, Baptiste Lecaplain ne valide pas la manière dont l’attaquant du Real Madrid (qui a annoncé sa retraite internationale) s’exprime sur les réseaux: "J’adore Karim Benzema. Mais sa communication Tik Tok de lycéen-là… Je suis fasciné par le joueur, il est trop fort. Mais je n’aime pas sa communication, c’est une catastrophe. ‘Je me suis fait tout seul’, ‘Je vais encore devoir parler au peuple’… Mec, fais un slam. Sors un bel album. En plus, sur le terrain, il est trop fort. Il ne gueule jamais sur les arbitres, c’est exemplaire. Pourquoi tu vas faire ça?"

"Quatre ans de prolongation pour Deschamps, c’est abusé"

Même s’il aimerait voir Zinedine Zidane prendre un jour la tête des Bleus, le stand-uper n’est pas contre la prolongation de Didier Deschamps. En revanche, il s’interroge sur la durée du bail (il a été renouvelé jusqu’à la Coupe du monde 2026): "Je comprends que Deschamps puisse rester, mais après l’Euro 2024, pour moi il arrête. Il n’y a rien à dire, son bilan est génial. Je n’ai rien contre lui. Son équipe n’est pas très belle à voir jouer, mais il maîtrise le foot. Après, une prolongation de quatre ans, c’est abusé!"

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https://twitter.com/AlexJaquin Alexandre Jaquin Journaliste RMC Sport