Double Contact - Disiz La Peste: "J’aimais tellement le foot que je regardais la Ligue 2"

Disiz La Peste - @RMCSport
Il y a ceux qui développent une addiction à l’alcool, au tabac ou aux jeux d’argent. Disiz, lui, s’est drogué au football pendant plusieurs années. Un ballon en guise de seringue et des lacets de crampons comme garrot. Une passion envahissante dont il a eu du mal à se défaire. C’est ce que le rappeur de 39 ans nous raconte lorsqu’on le retrouve sur une terrasse privée au cœur de Paris. En promo pour la sortie de son album "Pacifique", disponible depuis le 9 juin, Serigne M’Baye (son vrai prénom) prend le temps de discuter malgré une chaleur accablante. Celui qui a bossé avec Stromae sur son dernier projet nous parle de ses séances hebdomadaires à la salle de boxe et de ses souvenirs d’enfance devant les uppercuts de Mike Tyson.
Mais on revient vite au football, évidemment. Car même s’il ne suit plus les matchs la main tremblante, Disiz garde un œil attentif à son sport préféré. Né à Amiens d’une mère belge et d’un père sénégalais, il a grandi à Evry, dans le sud de la région parisienne. D’où son affection pour le PSG, même s’il ne se revendique pas vraiment supporter. Grand admirateur de Cristiano Ronaldo, il aime aussi beaucoup Hatem Ben Arfa, qu’il regrette de ne pas voir plus souvent sur le terrain. En plus de quinze ans de carrière, le mec qui "pétait les plombs" au McDo à ses débuts a pu rencontrer de nombreux sportifs. Mais Yannick Noah est celui qui l’a le plus marqué. Les deux hommes ont collaboré sur le morceau Métis(se) sorti en 2010. Avant de se lier d’une amitié sincère.
"J’aimais tellement le foot que je regardais la Ligue 2"
La passion vit souvent à deux pas de l’excès. Et il suffit d’un rien pour qu’elle s’installe chez son voisin. Disiz a pu s’en rendre compte avec le football. Omnibulé par le rectangle vert, le rappeur du 91 a passé plusieurs années à rêver de crochets et de lucarnes dépoussiérées. Une accoutumance qui a rythmé son quotidien. Jour et nuit. Jusqu’à ce qu’il réalise que la terre n’était pas un ballon rond…
"Si Ben Arfa avait été Espagnol, il n’aurait pas eu tous ces problèmes"
Ses idoles de jeunesse se nomment Diego Armando Maradona et Michel Platini. Mais ça n’empêche pas Disiz La Peste d’apprécier certains joueurs actuels. A commencer par Hatem Ben Arfa. Un "génie" qui, d’après lui, paye parfois ses origines maghrébines et le climat hostile qui règne en France sur les questions identitaires. A son grand regret.
"J’adore Pogba, c’est un artiste"
Disiz aime le beau jeu et les buts venus d’ailleurs. Mais il préfère les êtres humains qui se cachent derrière les footballeurs. Le lyriciste d’Evry est d’ailleurs particulièrement sensible au profil de Franck Ribéry. Un joueur à la fois adulé et décrié dont il admire la trajectoire. Tout comme celle de Paul Pogba, manieur de ballon au style imprévisible.
"Yannick Noah est quelqu’un qui m’a beaucoup touché"
Le jeune Serigne M’Baye se rappellera toujours de "ce mec avec des dreadlocks" grimpant dans les tribunes de Roland-Garros en 1983. Il avait à peine 5 ans. Et le visage de Yannick Noah l’a marqué. Sa personnalité hors du court aussi. Une impression décuplée lorsqu’il a pu rencontrer l’icône en chair et en os pour enregistrer le titre "Metis(se)" en 2010. Derrière la star, il a découvert un homme optimiste et déterminé, dont il s’inspire encore aujourd’hui.
"La boxe, c’est la meilleure thérapie"
Ça fait quelques années que Disiz a enfilé les gants pour se mettre à la boxe anglaise. Si son emploi du temps le permet, celui qui se levait plus jeune pour regarder les combats de Mike Tyson monte quatre fois par semaine sur le ring. Une pratique assidue qui permet au punchliner de 39 ans de relativiser plus facilement les contrariétés de la vie. En transpirant un peu au passage.