Aujourd'hui, j'aime pas les Espagnols...

Messieurs les basketteurs espagnols, je souhaite votre défaite ! Je sais que les relations sportives entre la France et l'Espagne ne sont pas au beau fixe, mais je ne suis pas diplomate de la balle orange ni ambassadrice du shoot en Espagne, donc je n'ai pas besoin de prendre des pincettes. Oui, je compte sur la bande à Tony Parker pour vous faire sortir par la petite porte de ces Jeux Olympiques dont vous honorez si mal l'esprit. Vous êtes arrivés à Londres sûrs de vos forces. Et on le serait à moins. Votre armada plane au-dessus des paniers mondiaux depuis sept ans maintenant : doubles champions d'Europe, médaillés d'argent à Pékin il y a quatre ans, vous êtes les incontestables numéros 2 de la planète basket. Juste derrière les Etats-Unis. Oui, numéros 2, et pas numéros 1, ne vous en déplaise... Et la perspective de retrouver la Dream Team américaine en demi-finale de ce tournoi olympique vous faisait peur. Voilà pourquoi vous avez laissé filer la rencontre face au Brésil lundi soir. Oui, oui, laissé filer !
Je vous rappelle le contexte : on joue les derniers matches de poule. Espagne-Brésil. Malheur au gagnant qui se retrouvera dans le tableau des Etats-Unis, l'ogre américain que personne ne veut affronter. Alors, en début de rencontre, Espagnols et Brésiliens jouent un vrai match de basket. L'Espagne est devant. Jusqu'au dernier quart temps où là, comme par hasard, les Espagnols se mettent à déjouer, le Brésil revient, passe devant en infligeant un 31 à 16 à ses adversaires. Certains titulaires de la Roja restent quand même sur le banc, pendant que les remplaçants font de la figuration sur le parquet. Les commentateurs espagnols sont hilares dans la tribune de presse.
Oui, pas très discret comme défaite téléphonée. Alors d'accord, Pau Gasol, le pivot espagnol, dit sur Twitter que son équipe n'a pas « réussi » à gagner son dernier match de poule. Pas réussi ou pas voulu ? Au moins, quand un cycliste britannique tombe de son vélo parce qu'il veut qu'on donne un nouveau départ, il le dit « oui, j'ai fait exprès de tomber ». Donc dites-le, messieurs les basketteurs espagnols, vous n'aviez pas envie de rencontrer la Dream Team américaine en demi-finales, et c'est tout.
En fait de chercheurs d'or au-dessus du panier, vous êtes plutôt des petits garçons apeurés en quête d'argent olympique. Et vous préférez jouer contre la France en quarts de finale comme on défie un camarade qu'on n'aime pas dans la cour de récré, avant d'aller se prendre une fessée dans le bureau du directeur nommé Kobe Bryant et de ses adjoints en finale. Vous avez de la chance, quand on fait exprès d'avoir zéro à l'interro écrite, on peut aussi se faire virer de l'école, comme c'est arrivé à six joueuses de badminton. Exclues des JO de Londres pour avoir délibérément perdu des matches ! Mais non, je suis bête, vous, vous n'avez pas fait exprès de perdre, vous n'avez juste pas réussi à gagner...
Mais messieurs les basketteurs espagnols, dans votre plan de dupes vous avez peut-être négligé un détail. Perdre contre le Brésil ne vous garantit pas d'arriver jusqu'à la finale. Vous trouvez que Tony Parker et ses potes ont des têtes de faire-valoir ? Je sais que vous les avez battus sept fois sur huit depuis sept ans en compétition officielle. Parfois lourdement. Notamment en quart de finale de l'Euro 2009 et en finale de l'Euro 2011.
Tiens, l'Euro 2011... C'était en septembre dernier, et l'équipe de France avait lâché un match de poules contre vous. Non, attendez, comment vous dites ? Ils n'avaient pas réussi à gagner, voilà, c'est ça. Qu'est-ce qu'on n'avait pas entendu sur l'atteinte à l'esprit sportif à ce moment-là ! Vous vous souvenez, n'est-ce pas ? Parce que je crois que les Bleus s'en souviennent, eux. Comme ils se souviennent de vous, monsieur Rudy Fernandez, vous le provocateur en chef de votre délégation, pour l'ensemble de votre œuvre. La cravate contre Tony Parker au Mondial 2010 ? Noté. La bagarre contre Mickaël Gelabale à Bercy, il y a trois semaines à peine, en match de préparation ? Noté aussi. « Contre l'Espagne, on a toujours pris des coups sans jamais les rendre », dit Gelabale. Il est temps de leur rentrer dedans ! Oui, ça a un petit côté « t'as voir ta gueule à la récré ». Mais un peu de franchise, ça ne fait pas de mal. Messieurs les basketteurs espagnols, au bal des hypocrites, je vais vous refuser la première danse ! Oui, je souhaite votre défaite. Vous pouvez même faire exprès de perdre, si vous voulez...
Virginie Phulpin
Retrouvez en direct les meilleures déclarations de Vincent Moscato, Maryse Ewanjé Epée, Eric Di Meco et tous leurs invités en suivant @Moscato_Show sur Twitter et réagissez sur le Blog, la page Facebook du Moscato Show et bien sûr en composant le 3216!