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Soulagement dans le monde du running: Strava cède aux menaces de Garmin (mais ne met pas fin à la guerre)

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En plein conflit judiciaire entre Strava et Garmin, l'application utilisée pour enregistrer ses activités sportives va céder aux demandes du géant des montres connectées, en appliquant les mêmes règles à tous ses concurrents. Un pas en avant qui va rassurer des millions d'utilisateurs, sans pour autant enterrer la hache de guerre.

C'est une avancée de taille dans le monde du running. Alors que la guerre entre l'application Strava et le fabricant de montres connectées Garmin fait rage depuis cet été, l'entreprise californienne pionnière dans le suivi d'activités sportives a pris une décision forte en permettant à ses utilisateurs dotés d'un appareil du leader du marché de continuer à synchroniser automatiquement leurs données.

Pour comprendre, il faut revenir au 1er juillet lorsque Garmin a imposé de nouvelles règles à ses développeurs tiers, dont Strava en première ligne, qui doivent désormais mieux faire apparaître le logo Garmin sur toutes les données (publications, graphiques, images d'activité...) issues de ses montres. Face à l'absence de changement du côté de Strava, le géant du GPS a récemment menacé de couper l'accès à son API si Strava ne se conformait pas à cette demande d'ici le 1er novembre.

Un logo "discret" et pour tous les fabricants

Longtemps réfractaire à cette "publicité flagrante", Strava a décidé de céder. "Même si nous ne sommes pas d’accord avec le niveau de visibilité que Garmin exige, maintenir une connectivité fluide pour les membres de notre communauté qui utilisent Garmin reste notre priorité", a communiqué l'application auprès de RMC Sport.

Mais pas question de faire ce cadeau uniquement à Garmin. C'est pourquoi le réseau social aux 40 millions d'activités téléchargées par semaine a "décidé d’accorder le même type d’attribution à tous (ses) partenaires matériels, par souci d’équité". Ainsi, le logo d'Apple, Samsung, Coros ou encore Suunto apparaîtra désormais sur les activités envoyées depuis les différentes montres connectées.

Et Strava d'ajouter: "Notre but est de rendre cette attribution aussi discrète que possible et nous pensons que c’est la bonne chose à faire au regard des changements obligatoires que Garmin demande à tous les développeurs avant le 1er novembre."

Le volet judiciaire encore ouvert

Il faut dire que Strava risquait gros dans cette affaire. Même s’il aurait tout de même été possible d'importer manuellement chaque séance enregistrée sur sa montre, l'application aux près de 150 millions d'utilisateurs dans le monde se serait exposée à une désertion massive des sportifs ayant déboursé plusieurs centaines d'euros pour s'offrir une montre ou un GPS Garmin. D'autant plus dans un contexte de volonté d'entrer en Bourse, comme l'a récemment confié son PDG Michael Martin au Financial Times.

Malgré ce pas en avant, les procédures judiciaires sont encore en cours entre Strava et Garmin. Si Strava a refusé de "commenter les litiges en cours", l'application poursuit le fabricant depuis la fin du mois de septembre. Elle lui reproche de violer deux de ses brevets les plus emblématiques, et de s'en approprier la paternité: les fameux segments (portions de parcours où les sportifs comparent leurs performances) et les heatmaps (cartes thermiques qui révèlent les zones les plus fréquentées).

Et les conséquences de cette affaire pourraient bien être radicales puisque Strava réclame ni plus ni moins une injonction interdisant au fabricant de montres de commercialiser ses produits intégrant ces fonctionnalités (soit toute la gamme Garmin Connect, des compteurs de vélo Edge aux montres Fenix, Forerunner et Epix), mais aussi des dommages financiers pour "usage illégal" de ses technologies.

Théo Putavy