Affaire Jegou-Auradou: "Il y a quelque chose qui sent mauvais", le clan de la plaignante évoque une "pression politique"

"Nous avons présenté la requête sur ce que nous pensons avoir été, et être encore, une violation constante et permanente de nos droits et garanties dans le domaine judiciaire", a déclaré à la presse à Mendoza (ouest) Felix, père de la plaignante de 39 ans, qui n'a pas donné son nom pour préserver l'anonymat de sa fille. "Nous recourrons à toutes les instances nécessaires" pour la protection de ces droits, y compris "bien entendu" des instances internationales, a-t-il ajouté sans plus de précisions, à l'issue de l'audition de sa fille en distanciel, lui-même en présentiel.
La "Commission des droits et garanties" de Mendoza est composée d'une demi-douzaine de députés de l'Assemblée provinciale, de divers bords. Ses résolutions n'ont pas valeur juridique, mais elle peut faire une requête formelle d'explications au procureur chargé de l'enquête. Toutefois "il n'y a pas eu d'accord" en commission pour une telle résolution, a regretté face aux médias son président Jose Luis Ramon, ajoutant qu'il formulera donc, à titre personnel de président, une demande d'accès au dossier de l'instruction aux fins d'information.
Une date d'audience attendue
"Il y a un aspect politique très fort" dans ce dossier, a dénoncé le député (centre-gauche), déplorant "la tentative de transformer la victime en justiciable", et rendant responsable le gouvernement provincial (centre-droit) de Mendoza. "Il y a quelque chose qui sent mauvais", a-t-il insisté, évoquant une "pression politique" pour clore le dossier, une "vitesse extrême" des décisions du parquet, et rappelant que l'avocat des rugbymen est le frère du ministre de la Justice du gouvernement Milei.
La plaignante a estimé à plusieurs reprises avoir été maltraitée par la justice, et ses avocats avaient demandé début septembre, en vain, la récusation des deux procureurs chargés de l'enquête. La justice de Mendoza doit dans les tout prochains jours fixer une date d'audience pour l'examen de la demande de non-lieu, déposée fin août par les avocats des joueurs.
Hugo Auradou et Oscar Jegou, âgés de 21 ans, sont inculpés de viol aggravé car en réunion, faits présumés survenus dans la nuit du 6 au 7 juillet dans une chambre d'hôtel de Mendoza, où le XV de France venait de jouer un match contre l'Argentine. Les joueurs affirment depuis le début que les relations sexuelles avec la plaignante, rencontrée en boîte de nuit, étaient consenties. D'abord détenus puis placés en résidence surveillée, ils ont été libérés mi-août, puis autorisés à quitter l'Argentine dans l'attente de la fin de l'instruction. Ils ont regagné la France le 4 septembre, et ont repris depuis l'entraînement dans leurs clubs.