Berbizier : « Le rugby français est tout aussi arrogant »

Pierre Berbizier - -
Dominer ou être dominé
« J’ai eu la chance de vivre ces Angleterre-France en tant que joueur et entraîneur. Le premier Angleterre-France que je joue, c’est pour un Grand Chelem. C’est un souvenir très fort car en 1981, l’équipe de France réalise le Grand Chelem. Je découvrais Twickenham, le temple du rugby. Et dans ce contexte-là, ça reste un souvenir marquant. Les années qui ont suivi, l’équipe de France a continué à dominer l’Angleterre, j’ai donc plutôt gouté à la victoire. En tant qu’entraîneur par contre, ça a été plus difficile puisque c’est l’équipe d’Angleterre qui dominait le rugby européen. Même si on a pu gagner le Tournoi en 1993, ça a été plus dur pour la France dans les années 1990. »
L’arrogance des Anglais
« Le rugby français est tout aussi arrogant quand il rencontre l’équipe d’Angleterre. C’est en tout cas le jugement des Anglais avant chaque match. Pour faire vivre cette rivalité, on va chercher tous les défauts, notamment l’arrogance. Sur le terrain, c’est une explication d’hommes, de joueurs de rugby. Effectivement, chacun va prétexter l’arrogance chez l’autre pour justifier cette montée en puissance, dans la préparation, où on veut être le plus fort et battre l’adversaire. De base, la motivation est là car on veut exister face à l’Anglais, on est donc toujours prêt. Après, il faut bien cerner le contexte, bien cerner l’équipe que l’on a en face pour ne pas se manquer. »
Les provocations
« Dans la préparation d’avant-match, il y avait des joueurs anglais qui étaient doués pour faire monter la mayonnaise, notamment le talonneur Brian Moore ou Will Carling, le capitaine emblématique des années 1990. De notre côté aussi, il y avait toujours la petite phrase assassine sur l’équipe d’Angleterre ou certains membres de cette équipe. Ça renforçait le contexte et ça mettait un peu plus de pression. Mais à Twickenham, on ressent la tradition du rugby, le respect. A ce moment-là, on sait qu’on va passer un bon moment. »
Se relever ou sombrer
« Il suffit de prendre l’exemple de la dernière Coupe du monde, où l’équipe de France a connu première phase difficile. En battant les Anglais en quarts de finale, ça leur a permis de relancer leur Coupe du monde et très certainement d’aller en finale. C’est à la fois le meilleur et le pire match pour se relancer. Ces matchs-là font partie des souvenirs qui comptent car le contexte est toujours particulier. Les deux nations veulent marquer, à l’occasion de match là, leur suprématie européenne. Une victoire sur l’Angleterre est une garantie soit de victoire finale dans le Tournoi, soit de sauver son Tournoi. »