Braquage pour une finale

Morgan Parra et Lionel Nallet - -
Un seul match convaincant, avec de la maitrise et un supplément d’âme. Et cinq autres pendant lesquels la panique voire la honte ont surgi au fil des minutes. Mais une finale de Coupe du monde à jouer dimanche prochain contre la Nouvelle-Zélande ou l’Australie. Le XV de France, première équipe de l’histoire à se présenter dans le dernier carré avec deux défaites, n’est pas à un paradoxe près. Elle a poussé le vice ce samedi à Auckland jusqu’à se qualifier pour sa troisième finale en tremblant énormément face à des Gallois réduits à 14 pendant un peu plus d’une heure. La victoire tricolore (9-8) ne soulèvera pas les cœurs. Elle laissera plutôt un goût amer à tous les supporters du XV du Poireau qui avaient investi les rues de Cardiff et les tribunes du Millennium Stadium.
Car le pays de Galles, brillant depuis un mois, avait tous les arguments pour mettre un terme au parcours chaotique des Bleus. Après l’essai du futur Bayonnais Mike Phillips (59e) et la transformation renvoyée par le poteau de Stephen Jones, transformation qui aurait mis les Gallois devant au score, Leigh Halfpenny a eu la balle de match à la 75e minute. Une pénalité sur la ligne médiane, plein axe. Nicolas Mas venait de se faire bêtement pénaliser sur un regroupement. Mais le coup de pied de l’arrière gallois est passé juste en dessous de la barre transversale. Et en toute fin de match, les joueurs du Néo-Zélandais Warren Gatland ont trop cherché à se rapprocher des poteaux et ont oublié de tenter un drop qui aurait « tué » l’équipe de France. Une question d’expérience, diront les plus optimistes des supporters français. Une fée s’est penchée sur le berceau de Marc Lièvremont, diront les plus étonnés par le faible niveau de jeu proposé depuis l’arrivée en Nouvelle-Zélande et pourtant, les heureux résultats à l’arrivée.
Une finale tous les 12 ans !
Très souvent pénalisés dans les rucks, incapables d’occuper le camp adverse, les partenaires du capitaine Thierry Dusautoir n’ont pas trouvé la moindre solution après l’expulsion de Sam Warburton (18e) pour un « plaquage cathédrale » sur Vincent Clerc. Si Morgan Parra est parvenu à franchir la ligne d’avantage à plusieurs reprises, ses renvois, qui ont offert à chaque fois une belle opportunité de relance aux Gallois, ses chandelles et ses touches trop courtes ont mis en danger les Bleus. Mais il a inscrit les neuf points des Bleus sur trois pénalités (22e, 35e, 51e)…
Dimitri Yachvili, qui était incertain à cause d’une béquille sur la cuisse gauche reçue contre l’Angleterre, a lui tardé à libérer les ballons. La meilleure équipe était en rouge, ce samedi, à l’Eden Park. Mais sa naïveté lui coûte cher. Elle profite à l’équipe de France, qui confirme sa propension à jouer une finale tous les 12 ans après 1987 (défaite contre les All Blacks, 9-29, à l’Eden Park) et 1999 (défaite contre l’Australie, 12-35, à Cardiff). Les échecs en demi-finales en 2003 et 2007, contre l’Angleterre, sont oubliés. Tout comme la manière qui a accompagné cette nouvelle ascension sur le toit du monde…