Chabal, une statue sans le statut

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C’est l’un des sportifs les plus populaires de France. Il vante les mérites d’une voiture ou d’un site de poker en ligne, voit son nom apposé sur des bouteilles de vin et sa silhouette sur une ligne de vêtement. Signe de sa notoriété, Sébastien Chabal va bientôt faire son entrée au musée Grévin. Une opération loin d’être anodine, qui vient couronner la carrière du rugbyman le mieux payé de France.
Cette image et ces revenus ne sont pourtant pas vraiment en adéquation avec le niveau de Chabal en équipe de France. Remplaçant contre l’Ecosse (34-21) et l’Irlande (25-22), le troisième ligne n’a rien apporté lors de son entrée. Il a même été à deux doigts de coûter la victoire à son équipe face aux Irlandais. « Ce n’est pas parce qu’il rentre comme replaçant ou qu’il n’est pas toujours le meilleur joueur du monde qu’il n’a pas un excellent niveau, estime pourtant Richard Pool-Jones, lui-même ancien troisième ligne. Il a beaucoup d’expérience et énormément de charisme. Je l’ai aperçu à l’aéroport de Dublin : les gens n’avaient d’yeux que pour lui. »
Une attractivité qui semble presque justifier sa présence sous le maillot bleu. Partout où il passe, Chabal fascine. « Certes, cette fascination est en partie dû à sa barbe et à ses cheveux, mais sa présence physique et ses placages destructeurs comptent aussi, explique Richard Pool-Jones. Je trouve Harinordoquy beaucoup plus flambeur, mais je préfère être plaqué par Harinordoquy que par Chabal… »
Séguéla : « Il a su se vendre »
Quoi qu’il en soit, c’est le joueur du Racing qui a été choisi pour rejoindre les Zidane, Parker, Douillet et autres Mauresmo parmi les statues de cire du musée Grévin. Tant pis s’il n’est pas le meilleur dans sa discipline. « Si on avait pu faire rentrer toute l’équipe de France, je pense que nous l’aurions fait, assure Véronique Berecz, la responsable des relations extérieures du musée. Mais à travers lui, c’est tout le rugby français que l’on met à l’honneur. S’il est en équipe de France, c’est parce qu’il joue bien. » Et d’ajouter : « Il a une image très forte auprès du grand public, c’est ce qui est important. »
Une image qui a explosé pendant la Coupe du monde 2007, et que le rugbyman a ensuite su faire fructifier. « Chabal, ça va faire des entrées, assure le publicitaire Jacques Séguéla. Ne nous plaignons pas ! Oui, on aurait pu en mettre un autre, mais c’est l’un des sportifs préférés des Français. Il faut que les autres retiennent la leçon : il a su se vendre. Et il a su se vendre parce qu’il vend… Le sport, hélas, ça doit aussi être ça. »