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Chez les Bonnaire, entre fierté et impatience

Julien Bonnaire

Julien Bonnaire - -

A quelques kilomètres de Bourgoin, le village de Saint-Savin est fier de son représentant en équipe de France, Julien Bonnaire. L'un des membres du clan de la Berjallie, qui a resserré le groupe au plus fort de la tempête et a emmené les Bleus en finale de la Coupe du monde.

La Berjallie, un rugby de clochers qui résista longtemps à la puissance croissante des grandes villes. Une enclave en Isère où le cœur de ce sport bat au moins aussi fort que dans le Sud-Ouest, sa terre d’expression la plus identifiée. Une région où la fierté des hommes, leur volonté, leur sens du combat et du respect des valeurs a souvent permis de concurrencer les grosses écuries. Grâce au centre de formation du CSBJ, fournisseur de costauds au caractère bien trempé qui forment aujourd’hui le socle du XV de France. Lionel Nallet, Pascal Papé, Julien Pierre, Morgan Parra, le seul « petit modèle » de la bande, et Julien Bonnaire ont tous ferraillé sous les clameurs de Pierre-Rajon. Avant de se mettre aussi au service de la nation.

Depuis l’humiliation subie face aux Tonga (14-19), les Berjalliens ont resserré le groupe, avec quelques autres grognards. L’un d’entre eux a aussi haussé le ton sur les terrains de Nouvelle-Zélande. Désigné homme du match en quarts contre l’Angleterre (19-12) et en demies contre le pays de Galles (9-8), Julien Bonnaire a montré l’exemple. A Saint-Savin, la bourgade de 3 400 habitants où le troisième ligne a poussé (1,93m), personne ne doutait de sa capacité à être un leader. « Je suis très fière de ce qu'il fait professionnellement parlant, mais je pense que je suis encore plus fière de ce qu'il est, explique sa sœur, Carole. Il est resté le même : simple. Du coup, on n’a pas l'impression d'avoir une star à la maison. »

Son père : « Maintenant, il faut aller au bout »

A sept kilomètres de Saint-Savin, au stade Pierre-Rajon où Julien Bonnaire a débuté chez les pros (2001-2007) avant de rejoindre Clermont, il figure en bonne place sur l’échiquier des humbles stars locales. Même s’il n’a pas la notoriété de Sébastien Chabal. « Il est peut-être moins médiatique que d'autres joueurs car il est réservé, confie Pierre Raschi, l’ancien capitaine et dirigeant du CSBJ. Face à la presse, il ne parle pas beaucoup. Il ne se met pas trop en avant. Mais humainement, si je dois "caler" les joueurs qui reflètent le plus les valeurs berjaliennes, pour moi, c'est lui. Et personne d'autre. Ce joueur-là a tout ce qu'il faut humainement pour coller au club. »

Dimanche matin, Jean-Claude, le papa, reportera la tonte du gazon du petit terrain accolé à l’église. L’ancien boucher, qui est désormais jardinier municipal après vendu son commerce à la suite du décès de sa femme, regardera la finale à la télé. « Julien fait une très belle Coupe du monde, se félicite-t-il. Il a fait beaucoup de sacrifices, il a beaucoup travaillé. C'est un perfectionniste. Je pense qu'il mérite un peu ce qu'il lui arrive. Maintenant, pour nous faire plaisir, il faut aller au bout. Il faut ramener le titre la semaine prochaine en France. » Il faudra encore un voltigeur en touche au sommet de son art pour voler des munitions précieuses aux All Blacks. Et que l’âme de la Berjallie pousse les Bleus à résister aux vagues d’attaques néo-zélandaises.