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Chômage: "Je ne peux pas rester à me morfondre", témoigne Romain Martial

Romain Martial a été champion de France avec Castres.

Romain Martial a été champion de France avec Castres. - AFP

Champion de France avec Castres, aux portes du XV de France version Saint-André, sélectionné avec l’équipe de France à 7 il y a 3 ans, Romain Martial, 33 ans, est désormais sans club. Chômeur. Une situation qu’il accepte. Entretien avec un ailier lucide, élégant et déterminé.

Romain, êtes-vous toujours à la recherche d’un club? 

Oui, même si j’arrive fin août et que j’ai toujours rien. Là, clairement, je pense plus à la reconversion. J’ai une famille, une femme, deux enfants. Il faut avancer. Je ne peux pas rester à me morfondre. Il n’y a pas que le rugby dans la vie. Sa reste ma passion. Si je pouvais jouer jusqu’à 50 ans, je le ferais. Mais je crois que ça n’est pas possible (rires). 

Pouvez-vous nous raconter comment vous vous êtes retrouvé sans club?

C’est simple: le 20 mai, le staff (du Stade Français, NDLR) m’annonce qu’ils veulent que je sorte de l’effectif. Je voulais continuer. Je ne savais pas trop ce que je voulais. Ma femme me demande alors: "Romain, c’est le joueur ou l’homme qui veut prendre cette décision". Ça m’a fait réfléchir. Je me disais que j’avais un petit truc à faire. Je suis lucide, je n'ai plus cinq ans dans les jambes. Mais un an ou deux, oui. J’ai cherché. Mais fin mai c’est compliqué. Et le 1er juillet quand tu n’as rien, et bien tu vas à Pôle Emploi. 

Qu'avez-vous ressenti en allant pointer à Pôle Emploi?

J'étais obligé. J’étais obligé d’être couvert par la Sécurité sociale. Quand tu es joueur tu y penses. Mais au moment de l’inscription, franchement, tu as ta fierté et ton orgueil qui en prennent un coup. A l’heure où j’y suis allé, j’étais à ma place. Je n’avais pas le choix. Mais quand on me dit "il te reste un an, mais on va mettre fin a ton contrat"... C’est dur. 

Vous sentez-vous soutenu par le monde du rugby? 

Déjà, quand on rompt ton contrat… (rires). Mais, oui j’ai reçu du soutien. Enfin… (il hésite) c’était plus de l’affection. Mais j’ai reçu de l’aide. 

De Provale, le syndicat des joueurs de rugby, notamment? 

Oui. Provale m’a beaucoup aidé dans mon projet de reconversion. Ils étaient présents dès que j’avais une question ou une hésitation. D’ailleurs, j'ai fait partir un dossier pour une formation. 

Avez-vous de l’amertume vis-à-vis du Stade Français? 

Pas du tout. Je n’ai pas d’amertume. Si j’avais marqué 20 essais et que j’avais fracassé tout le monde, là j’aurais eu les boules. Je ne suis pas amer ni aigri. Dans ce licenciement, j’ai aussi ma part de responsabilité. SI j’avais fait une grosse saison, je serais resté. Je ne peux pas être anti-système. Et tu ne peux pas rentrer chez toi, pleurer, et juste dire "je suis dans la merde". 

Vous étiez-vous déjà posé la question de l’après-carrière? 

Pour être honnête, oui. Depuis que j’ai commencé, je savais que ca allait s’arrêter. Là, je me dirige vers le bâtiment. C’est le métier de chef de chantier ou conducteur de travaux qui me plait. Je suis assez confiant. Il n’y a pas de raisons que ça échoue. Aujourd’hui, je veux rendre ma famille fière en dehors du rugby.

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Pierre Ammiche