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Coupe d’Europe de rugby : les clubs français sont-ils au niveau ?

Le demi de mêlée sera de retour sur le banc toulousain ce soir à Glasgow.

Le demi de mêlée sera de retour sur le banc toulousain ce soir à Glasgow. - -

Après une première journée moyenne, les clubs français trouveront-ils le rythme en Coupe d'Europe ? Ou sont-ils décidément trop distancés par leurs adversaires britanniques ? Eléments de réponse.

Qu'a-t-on vu le week-end passé sur les pelouses européennes ?

Pas au niveau, indisciplinés, dépassés. La sentence semblait lourde pour les clubs français après la première journée de Coupe d'Europe (3 victoires, 4 défaites). Comme dans le football, le niveau du championnat de France est pointé du doigt. Le Top 14 serait beaucoup moins dense que le championnat anglais, où toutes les équipes doivent batailler pour sauver leur peau dans l'élite. Philippe Saint-André, le manager français du club de Sale, l'expliquait d'ailleurs : en Angleterre, il n'est pas rare qu'un club à la traîne en championnat aille loin en Coupe d'Europe.

Pourtant, si le bilan comptable des clubs français semble moyen, le contenu ne fut pas si catastrophique. Montauban et Castres, confrontés à deux gros morceaux à l'extérieur (Munster et Wasps) ont certes perdu, mais avec les honneurs. Montauban, venu avec une équipe "B", menait même jusqu'à deux minutes de la fin. Biarritz s'est incliné à Gloucester, mais il le doit plus à une indiscipline étrange à ce niveau qu'à une réelle infériorité. Seul Clermont a véritablement déçu, en s'inclinant à domicile face à Sale.

Perpignan a rendu une copie passable en battant Trévise. Toulouse a été pris à son propre jeu face aux Anglais de Bath. Très joueurs, les coéquipiers du champion du monde Butch James ont poussé les rouges et noirs dans leurs derniers retranchements. Une pénalité à la dernière minute de David Skrela a finalement eu raison du club anglais. Le Stade Français, comme toujours depuis le début de saison, a été solide en Ulster. Invaincus depuis le mois d'août, les Parisiens disposent d'un pack robuste, et de deux joueurs en forme internationale, Hernandez et Beauxis.

Que manque-t-il aux clubs français ?

Collectivement, les équipes françaises manquent de discipline par rapport à leurs homologues anglaises. Biarritz, pénalisé quinze fois contre quatre pour Gloucester, peut en témoigner. Notamment sur les phases de rucks, les clubs français n'ont pas encore complètement assimilé les nouvelles règles.

René Hourquet, président de la Commission Centrale des Arbitres, le soulignait d'ailleurs dans « La Dépêche du Midi » mardi : « Les Anglais sont davantage en phase avec les exigences actuelles et j'avoue que j'ai été impressionné par le comportement, exemplaire, vis-à-vis de la règle, des trois équipes que j'ai vues évoluer à la télé, par le dynamisme du jeu debout qu'elles pratiquent, avec de formidables impacts. Dans ce domaine, les Anglais ont pris assurément un temps d'avance. »

Philippe Saint-André, lui, ne panique pas. Peut-être les équipes françaises auront-elles besoin d'un temps d'adaptation pour répondre aux exigences de la Coupe d'Europe en matière de discipline, mais elles y arriveront. C'est ce qu'il rappelait dans « Le Parisien » mardi, estimant également que les clubs français avaient tous les moyens pour bien figurer en H-Cup.

Les effectifs des clubs français sont-ils au niveau ?

Sur le papier, les effectifs de Toulouse, Paris, Perpignan ou Clermont n'ont rien à envier à ceux de leurs adversaires. Les postes sont doublés, voire triplés. Mais bien souvent, les équipes doivent faire face à de nombreuses blessures. La ligne de trois-quarts perpignanaise est complètement décimée. Pour aller défier les Ospreys (Pays de Galles), les Catalans n'ont ni demis d'ouverture, ni de centres de métier. A Toulouse, si seul Vincent Clerc manque désormais à l'appel, le club a connu des heures beaucoup moins fastes l'an passé.

Par rapport à leurs adversaires d'Outre Manche, les équipes françaises doivent faire face à un calendrier plus chargé. Le championnat anglais ne comporte que douze équipes, soit quatre matchs de moins à jouer dans la saison par rapport au Top 14. Les provinces irlandaises, galloises et écossaises se rencontrent en Ligue celtique, un championnat de seulement dix équipes. Ce problème de cadences intensives n'est pas nouveau, mais il handicape certainement les équipes françaises.

Restent des problèmes ponctuels. Seules véritables fausses notes de la première journée, Biarritz et Clermont sont dans une situation particulière. Sans Patrice Lagisquet, le BO attaque un nouveau cycle. Serge Blanco, président du club, a demandé un jeu plus offensif. Cela prendra du temps. Clermont, après deux défaites d'affilée en finale du championnat de France, semble en fin de cycle. Des cadres vieillissants (Ledesma, Emmanuelli, Audebert), d'autres bien seuls à leur poste (B. James) : les doutes subsistent sur les capacités de l'équipe auvergnate à l'emporter au plus haut niveau.

Que peut-on attendre de la deuxième journée ?

Toulouse se déplace dès ce soir chez les Ecossais de Glasgow. Biarritz était tombé de haut l'an passé au Firhill Stadium (défaite 9-6). Les Toulousains resteront donc méfiants face à une équipe qui s'est inclinée la semaine passée, et qui espère figurer du mieux possible à domicile. Guy Novès pourra compter sur Byron Kelleher, qui a été blanchi hier par la commission de discipline. Le demi de mêlée néo-zélandais jouera ce soir son neuvième match en... neuf rencontres depuis le début de la saison.

Les Toulousains sont donc favoris, tout comme Biarritz qui accueille les Italiens de Calvisano, ou Paris qui reçoit les Gallois de Llanelli. Castres, s'il veut pouvoir espérer en Coupe d'Europe, devra se défaire à domicile de la province d'Edimbourg. Des tâches à priori pas insurmontables pour les clubs français. Montauban, dans la tourmente suite à la démission de son président et en proie à de graves difficultés financières, tentera de perturber des Clermontois en quête de rachat. Seul Perpignan aura très fort à faire au Pays de Galles, chez les Ospreys.

On peut donc se prendre à espérer cinq victoires françaises pour cette deuxième journée de Coupe d'Europe. Dira-t-on alors que le rugby français domine l'Europe ?

La rédaction