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Fritz, le centre aux deux visages

Fritz, pilier en club, intérimaire en bleu

Fritz, pilier en club, intérimaire en bleu - -

Brillant avec Toulouse, qui accueille Glasgow samedi (14h30), le centre international n’est pas du tout certain de disputer la Coupe du monde en Nouvelle-Zélande. Décryptage d’un paradoxe.

On avait fini par l’oublier, mais Florian Fritz nous a rappelé, le week-end dernier, à Glasgow (28-16), combien il pouvait être indispensable. Auteur du premier essai toulousain, passeur génial sur le troisième conclu par Heymans, le deuxième centre stadiste a été naturellement élu homme du match. A 26 ans, le garçon s’est rappelé au bon souvenir du staff de l’équipe de France, à neuf mois de la Coupe du monde.
Depuis son arrivée chez les Rouge et Noir en 2004, son association avec Yannick Jauzion n’est plus à faire et la paire toulousaine compte trente-deux participations en Coupe d’Europe, devançant la doublette magique irlandaise Darcy-O’Driscoll. « L’Europe, c’est une saveur particulière, avec ces déplacements, ces matches de haut niveau. Au Stade on cultive le mythe de la Coupe d’Europe », confesse Fritz, toujours à l’heure pour les gros matches.
Le centre international s’était distingué contre Biarritz en finale de la dernière Coupe d’Europe, trustant les louanges avec David Skrela. Homme de base du XV de Guy Novès, Fritz a disputé quinze des seize matches joués par Toulouse, cette saison. Alors, pourquoi une carrière bleue en pointillé ?

Soirée arrosée et fourchette

Puissant et courageux, le joueur, né à Sens (Yonne), a fait ses armes auprès de l’âpre école berjalienne avant de signer à Toulouse. Dès son premier match en Rouge et Noir il plante un essai et écope d’un jaune. Novès le prend à part et lui explique qu’à « Toulouse ça ne se passe comme ça ». Les écarts de conduite feront pourtant partie du CV du « buffle » toulousain. Ses passes d’armes avec le Parisien Auradou ont alimenté la chronique des sommets entre les deux Stades.
En équipe de France, sélectionné chez les jeunes, il est sanctionné après une soirée arrosée. Son aventure avec les Bleus ressemble à une histoire d’amour contrariée. Non-retenu par Bernard Laporte pour le Mondial 2007, le Tournoi des 6 Nations 2008 lui passe sous le nez en raison d’une rupture du péroné. En 2009, il écope de trois semaines de suspension pour une fourchette sur l’Irlandais Stephen Ferris.
Sous l’ère Lièvremont, il est appelé cinq fois (sur 18 sélections), poursuivant son parcours yo-yo sous la tunique bleue. Convoqué pour la dernière fois lors de la tournée estivale dans l’hémisphère sud (Argentine-France, 41-13), Fritz n’est pas certain de prendre le wagon de la Coupe du monde 2011. Jauzion, Bastareaud, Mermoz et Marty ont l’avantage, mais une défection peut sourire au Toulousain. « Je n’y pense pas spécialement, je m’intéresse d’abord à mon club, ce qui se passe à côté ça ne me regarde pas », lâche-t-il presque fataliste. Joyau à Toulouse, vilain canard à Marcoussis.

Louis Chenaille (avec W.T. à Toulouse)