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Médard, l’artiste a mis le bleu de chauffe

Médard, l'artiste a mis le bleu de chauffe

Médard, l'artiste a mis le bleu de chauffe - -

Après une saison 2009/2010 difficile, l’arrière international du Stade Toulousain revient à son meilleur niveau. Vendredi à Glasgow (20h), en Coupe d’Europe, ce passionné d’art aura l’occasion de démontrer que son talent a désormais gagné en maturité.

Maxime Médard, c’est d’abord une gueule. Un look à la Wolverine, la mèche en bataille, les favoris qui lui mangent les joues… le Toulousain trimballe cette image le long des lignes de touche, au rythme de ses grandes chevauchées qui fleurent bon le french flair des Lagisquet et autre Blanco. Mais l’arrière international, également converti au poste d’ailier depuis un an, n’est pas qu’une belle plastique du rugby hexagonal. A 24 ans, le joueur a déjà marqué les esprits : champion du monde avec les moins de 21 ans en 2006, champion de France avec le Stade Toulousain en 2008, champion d’Europe l’année suivante, membre du XV de France depuis 2008 (15 sélections)... ce pur produit de l’école stadiste est une valeur certaine du rugby français.
Bien que précoce, la réussite de Médard n’a pas toujours épousé les lignes paresseuses de la Garonne. Un an après son explosion au plus haut niveau en 2008/2009, il connaît le creux de la vague. A Toulouse, Clément Poitrenaud lui dispute le poste d’arrière, en sélection, il disparaît pendant près d’un an. Non retenu pour affronter les Springboks (20-13) devant son public au Stadium, le sol se dérobe sous ses pieds en ce 13 novembre 2009. Sa titularisation contre les Fidji un an plus tard marque son retour sous le maillot du XV de France. Ses dix essais à mi-parcours de la saison de championnat montrent qu’il a retrouvé ses meilleurs temps de passage. « Il est certain que c'est peut-être mon meilleur début de saison depuis que je suis pro », clamait-il en novembre après son rappel chez les Bleus.

Clerc : « Il crève l’écran »

Artiste en herbe du ballon, l’homme est sur le terrain ce qu’il est dans la vie. Médard cultive les belles choses. « Le matin quand je me lève, j’aime bien m’habiller », revendique-t-il. Dans son appartement toulousain, il collectionne les tableaux et les œuvres d’art. Depuis un an, il prend des cours de dessin. « Tu es concentré sur ta feuille pendant deux heures, tu oublies tout, et en sortant tu es rincé. » S’il n’exclut pas une reconversion dans l’architecture d’intérieur (« je ne serai pas coach »), le joueur prétend vivre comme il est balle en main : comme un « électron libre », multipliant les arabesques. « C’est beau de voir un mec qui crée plutôt qu’un mec qui va te péter le bras. »
Franc-tireur des lignes arrières, le prodige avait poussé l’esthétique jusqu’à oublier que le labeur était le préalable à la création. Sa mise au placard par le staff de Lièvremont lui a fait remettre le bleu de chauffe. « Maxime a appris le bas après avoir appris le haut. Il sait où il en est. Il a travaillé pour revenir et il est en pleine forme, c’est évident, il crève l’écran », loue son coéquipier Vincent Clerc, non retenu pour les test-matches de novembre. « Je ne me sens pas plus fort, mais plus heureux. Aujourd’hui, j’aime être libre mais dans les plans de jeu. » Rendez-vous ce vendredi à Glasgow (20h), pour la poursuite de la défense du titre toulousain.

Louis Chenaille (avec W.T. à Toulouse)