Un vrai match France-Irlande...

Ronan O'Gara à la poursuite de Brian O'Driscoll. Opposés sous les maillots du Munster et du Leinster, les deux Irlandais font les beaux jours de la sélection. - -
Deux organisations
Alors que les équipes de l’élite françaises évoluent dans un championnat de quatorze clubs, le modeste championnat d’Irlande, proche du niveau amateur, accueille 48 clubs. Sous contrat avec les clubs, les meilleurs joueurs du pays sont sélectionnés par une des quatre Provinces (Munster, Leinster, Ulster et Connacht) pour participer à la Ligue celte (avec les Provinces galloises et écossaises) et à la Coupe d’Europe. Cette organisation est née d’une prise de conscience à la sortie de la Coupe du monde 1995. Consciente du fossé qui la sépare des meilleures, la Fédération irlandaise adopte ce système en s’appuyant sur la réussite observée au niveau scolaire et dans les autres sports. Pas de miracle, simplement une méthode de formation et de détection. Une quinzaine d’années plus tard, la génération Stringer – O’Driscoll atteint son apogée. Michael Cheika, actuel entraîneur du Leinster et futur manageur du Stade Français, précise : « Les équipes de France et d’Irlande aujourd’hui sont les meilleures de ces dernières années. »
Deux philosophies
Il est recommandé pour un Irlandais d’évoluer dans une des quatre Provinces s’il souhaite porter le maillot frappé du Trèfle. Pas étonnant de ne compter que très peu d’expatriés irlandais. Neil Best (Northampton), Tommy Bowe (Ospreys) et Geordan Murphy (Leicester), tous du groupe irlandais lors du dernier Tournoi font figure d’exception. Les Irlandais évoluent au pays et ne laissent que quelques places aux étrangers. D’ailleurs Julien Brugnaut (Munster) est aujourd’hui le seul français à jouer en Irlande. A elles quatre, les Provinces comptent 31 étrangers contre 217 pour les quatorze clubs de l’élite française. Soit une moyenne de huit joueurs étrangers en Irlande contre quinze en France. Quand le Racing et Toulon compilent les étrangers (respectivement 23 et 24), le Leinster (6) ou encore le Munster (8) favorisent la fibre nationale.
Deux mondes économiques
Avec 16M€ de budget, le Munster est la Province la plus riche du pays. De leurs côtés, le Stade Français (24M€) et Clermont (20M€), deux clubs éliminés en quarts de finale de la H Cup, dominent le « palmarès » français. A elles quatre, les équipes irlandaises culminent à environ 50M€ de budget. Bien loin des 74M€ des quatre équipes françaises les plus riches. Moins puissants financièrement, les Irlandais doivent également faire avec un vivier de licenciés bien plus maigre que les Français. « L’Irlande n’a que 45 000 licenciés. Donc avoir de tels résultats sportifs, c’est tout à leur honneur. C’est un exemple à confirmer dans les années qui viennent », explique Bernard Lapasset, président de l’IRB. En France, plus de 300 000 personnes détiennent une licence. C’est dire la prouesse que réalise chaque jour le rugby irlandais.