RMC Sport Coupe du monde de rugby

1987, le vide après l'extase

13 juin 1987, Blanco et le fameux « essai du bout du monde »

13 juin 1987, Blanco et le fameux « essai du bout du monde » - -

Lors de la première Coupe du monde de l'histoire, la France s'incline en finale 29-9 à Auckland face à d'intouchables All Blacks, le 20 juin 1987. La tête toujours à leur demie d'anthologie contre l'Australie (30-24), les Bleus avaient failli dans leur préparation.

Leur finale, les Bleus l’ont jouée une semaine trop tôt. Les tronches d’une bande de potes exilée deux mois de l’autre côté du globe, toujours pleines de « l’essai du bout du monde » de Serge Blanco inscrit lors de l’inoubliable demie face à l’Australie, étaient rassasiées d’exploit. « On a perdu parce qu’on n’était pas prêt au combat, se souvient ainsi Denis Charvet, associé à Philippe Sella au centre de l’attaque tricolore en cet après-midi lumineux d’hiver austral. On a préparé cette finale comme si on allait jouer un match de juniors. »

Les Bleus avaient pourtant châtié la bête néo-zélandaise (16-3) à Nantes un an plus tôt lors d’un test-match marqué au fer rouge du combat. Punie pour avoir osé chatouiller l’orgueil Black, la France n’a pas existé face à Kirk, Fox, Kirwan et consort, encaissant trois essais avant un baroud d’honneur concrétisé par un ballon emmené derrière la ligne par Pierre Berbizier à cinq minutes de la fin. « Il fallait faire la guerre à ces Blacks, raconte Charvet. On les avait plus regardés qu’autre chose. Pourtant, ils doutaient. On les avait battus un an auparavant en leur faisant la guerre, on avait une chance de l’emporter. On leur avait facilité la tâche. »

Charvet : « On était heureux d'être là »

Sur la pelouse de l’Eden Park d’Auckland, le XV tricolore a initié une certaine tradition française de l’inconstance. Celle du vide après l’extase. Une culture du panache, quitte à oublier la dernière marche. « Pour arriver en finale, on avait réalisé un exploit incroyable, battre les Australiens chez eux, renchérit Charvet. Jamais on ne s’est dit qu’on allait être champions du monde. On était heureux d’être là. Gagner, on ne l’avait pas rêvé et on ne se l’était pas dit. » Et Charvet de puiser dans le parcours chaotique des Bleus un motif d’espoir pour le rendez-vous de dimanche prochain : « Le contexte est différent cette fois. On n’a pas réalisé d’exploit avant. Si j’ai un conseil à donner aux joueurs : se lever chaque matin en pensant qu’ils peuvent être champions du monde. » Et retenir les vieilles leçons du passé.