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1994, l'essai du bout du monde !

Jean-Luc Sadourny

Jean-Luc Sadourny - -

Une relance de 80 mètres, une succession de passes et un essai qualifié du « siècle » par la presse néo-zélandaise avaient permis aux Bleus de s'imposer face aux Blacks, à Auckland le 3 juillet 1994, date de la dernière défaite à l'Eden Park des Néo-Zélandais.

Un moment passé à la postérité. Un instant figé dans le temps rendant nostalgique les plus fervents défenseurs du french flair, fantasme évaporé, en ces temps modernes, par la nécessité du résultat. Le 3 juillet 1994, les All Blacks étaient français. Menés au score à l’approche du coup de sifflet final, les hommes de Pierre Berbizier remontent le ballon à la main depuis leur propre camp à l’initiative de leur capitaine de l’époque, Philippe Saint-André. Quatre-vingt mètres et sept passes plus loin, Jean-Luc Sadourny aplatit dans l’en-but. Aujourd’hui encore, chaque amateur de rugby peut raconter les yeux fermés cette action sensationnelle impliquant neuf joueurs. Le Sunday Times, quotidien néo-zélandais, s’emballe en la qualifiant « d’essai du siècle ».

Une semaine après une première victoire, plus large mais moins marquante, à Christchurch (8-22), les Bleus récidivent (23-20). Le premier revers avait déjà laissé les Blacks pantois et avides de revanche. « Au moment où je sers la main à Sean Fitzpatrick avant le match, il m’arrache les doigts, se rappelle Philippe Saint-André, futur sélectionneur des Bleus. Je suis rentré dans les vestiaires et j’ai dit : ‘’les gars, il faut se préparer, ça va être compliqué’’. Ça l’avait été et puis on s’en sort sur cette relance magique. Il avait fallu être guerrier, combattant et solidaire. Il fallait mettre toutes les valeurs du rugby pendant 80 minutes. »

Clerc : « Toutes les générations passées nous inspirent »

Depuis cette défaite, les Néo-Zélandais ne se sont plus jamais inclinés à l’Eden Park. Dix-sept ans après, les coéquipiers de Thierry Dusautoir se verraient bien se rappeler aux bons souvenirs de leurs illustres anciens. « Toutes les générations passées nous inspirent. Ce match avait été exceptionnel, se rappelle Vincent Clerc. Ils avaient gagné à la dernière seconde en sortant les tripes. Ils étaient allés le chercher au-delà d’eux même. Toutes les équipes de France ont toujours été moins talentueuses que les All Blacks. Mais on a toujours réussi à chercher des victoires improbables. On a vu les anciens le faire. C’est une grande source d’inspiration. » Emile Ntamack, entraîneur des arrières, pourra passer le témoin, lui qui avait été impliqué dans cette fabuleuse phase de jeu. « Quand on bat les Néo-Zélandais, on s’en souvient, conclut Saint-André. Eux, c’est quand ils perdent contre nous qu’ils s’en souviennent. » Personne n’est prêt d’oublier.