1999, l'exploit sans lendemain

Christophe Dominici - -
Dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1999, les rêves de milliers d’enfants, d’adolescents et de sages passionnés de rugby ont été sensiblement les mêmes. Avec des images d’un ailier aux mèches blondes qui cavale sur une prairie anglaise au milieu de All Blacks médusés, de 21 Français déchaînés qui signent un exploit que jamais les mémoires des spectateurs et téléspectateurs n’effaceront. Ce soir-là, à Twickenham, la France renverse la Nouvelle-Zélande (43-31) après avoir compté 14 points de retard à la 45e minute (10-24).
Déjà phénoménal sur le premier essai signé Titou Lamaison (20e), Christophe Dominici profite d’un rebond favorable sur un coup de pied de Fabien Galthié pour piéger une nouvelle fois Taine Randell et Andrew Mehrtens (56e). Richard Dourthe (60e) et Philippe Bernat-Salles (75e) finissent merveilleusement le travail. La France est en finale, la Nouvelle-Zélande de l’immense Jonah Lomu renvoyée à ses chères études. Un homme, à la mi-temps, a sonné la révolte. Marc Lièvremont, le troisième ligne des Bleus, devenu sélectionneur huit ans plus tard. « Un joueur exemplaire à tout point de vue » pour Pierre Villepreux, co-entraîneur avec Jean-Claude Skrela en 1999.
La dernière finale des Bleus
A l’orgueil, le XV de France réalise l’un des plus grands matchs de son histoire alors que la première phase avait été marquée par les doutes et la prise de pouvoir des joueurs. « Je me souviens du bonheur d’avoir su inverser la tendance, explique Emile Ntamack, l’actuel entraîneur des arrières. Je me rappelle de la joie d’avoir battu ces All Blacks, qui étaient sûrement la meilleure équipe du tournoi. Ils nous l’avaient démontré un peu avant (54-7 en juin, ndlr). Ça a été considéré comme un exploit, évidemment. Mais on a surtout su se montrer dignes sur le terrain. »
Emporté par les effluves de la fête, le XV de France oublie de préparer la finale, une semaine plus tard, face à l’Australie. Et s’incline sans pouvoir contester la supériorité des Wallabies (12-35). « C’est vrai que la préparation de cette finale de 1999 n’a pas été parfaite, reconnait Pierre Villepreux. On était dans un hôtel ouvert à tous les vents. Il y avait beaucoup de supporters. Les joueurs s’occupaient de trouver des places pour leurs femmes, de les faire venir. La Fédération n’avait peut-être pas tout organisé parce qu’elle pensait qu’on ne serait pas là. Ça a créé quelques contraintes. » Personne ne savait alors qu’il faudrait attendre douze ans pour rejouer une finale de Coupe du monde.