Agricole : « On doit se comporter comme des championnes du monde »

Sandrine Agricole - -
Sandrine, vous avez écrasé l'Afrique du Sud (55-3) pour votre deuxième match du Mondial. C'était bien cette petite balade ?
Ça nous a surtout permis de nous racheter de la copie un peu abîmée face au pays de Galles (victoire 26-0). On s’était fait remonter les bretelles par les coaches pour avoir plus de précision sur les zones de contact. Et c’est ce qui a fait notre force face à l’Afrique du Sud.
On peut donc se faire remonter les bretelles après une victoire 26-0 ?
Oui, parce qu’on veut le meilleur pour l’équipe de France. On veut aller le plus loin possible. Et pour être championnes du monde, il faut se comporter comme des championnes du monde, en étant précises et appliquées sur ce qu’on doit faire. Contre l’Afrique du Sud, on s’est appuyées sur le travail de notre pack, qui nous a montré la voie en offrant des espaces derrière. On voulait marquer l’adversaire dans sa chair, puis dans son mental. Quand vous avez une mêlée qui avance, c’est tout bénef’.
L'ambiance était assez dingue à Marcoussis autour de votre match
C’est fabuleux de voir cet engouement qui monte match après match. C’est vraiment un apport supplémentaire. L’objectif au début de la compétition était de bien y figurer mais aussi de montrer que le rugby féminin est une discipline qui a des valeurs et autant d’intérêt que celle des garçons. On est en train de gagner le match là-dessus.
Vous attendiez-vous à ça ?
Oui. Après notre Grand Chelem cette année (lors du Tournoi des VI nations féminin, ndlr), on a commencé à sentir un petit mouvement de sympathie autour de nous. On savait qu’avec une Coupe du monde en France, le public français nous soutiendrait encore plus.
« A nous de montrer qu'on existe »
Qu'est ce qui fait la spécificité du rugby féminin ?
C’est un rugby avec moins de combat et de virulence mais avec beaucoup plus de passes, de courses, de continuité de jeu. On reste toujours sur une dimension de combat parce que c’est l’essence du rugby. Mais avec notre physiologie et notre état d’esprit, on est moins dans un combat de tranchées. On essaie de donner de l’air à ce jeu, pour le rendre plus spectaculaire.
Il y a eu une grosse surprise en ce début de compétition avec la défaite de la Nouvelle-Zélande, quadruple tenante du titre, contre l'Irlande (14-17). Cela peut vous donner des idées pour la suite...
Depuis le début, je dis que cette Coupe du monde verra les équipes européennes en haut de tableau. Cela fait deux ou trois ans qu’on voit éclore des nations qui étaient un peu en retrait et qui commencent à prendre leur essor. Je pense à l’Irlande qui a fait le Grand Chelem l’année dernière, nous qui l’avons fait cette année. Il y a aussi l’Angleterre, qui a réussi plusieurs Grands Chelems et a été finaliste de la Coupe du monde en 2012. C’est vraiment de bon augure pour le rugby féminin européen. A nous de montrer qu’on existe et il faudra le faire samedi prochain contre l’Australie.
A quoi vous attendez-vous face à cette équipe qui a impressionné et a également remporté ses deux premiers matches ?
C’est une équipe bien en place, avec trois-quatre éléments vraiment décisifs. Il faudra se méfier et être très présentes en défense. Ça a été notre point fort et il faudra qu’on soit encore meilleures. On devra conserver notre esprit conquérant. C’est comme un quart de finale (seuls les premiers de chacun des trois groupes et le meilleur deuxième accèdent aux demi-finales, ndlr). Il ne faudra donc pas douter et tout mettre en œuvre pour gagner.
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