Attention à la marée noire...

Richie McCaw et Conrad Smith - -
Quarante minutes de fête, de publicité pour le rugby. Au lendemain d’un France-Galles ennuyeux (9-8), de la victoire du jeu restrictif et de la chance, les All Blacks avaient semble-t-il à cœur de promouvoir leur méthode pour reconquérir les passionnés. Et les convaincre de vivre intensément cette Coupe du monde jusqu’à la fin. Car leur victoire contre l’Australie à l’Eden Park d’Auckland (20-6) s’est dessinée dès les premières minutes de cette deuxième demi-finale. L’essai de Ma’a Nonu (6e), à la conclusion d’une formidable percée d’Israel Dagg, aussi à l’aise pour raffuter Rocky Elsom que pour descendre quelques pintes avec son coéquipier Cory Jane avant les quarts, a d’emblée mis la tête sous l’eau aux Wallabies.
Et ces derniers n’ont pu retrouver de l’oxygène qu’en de rares occasions. A cause, notamment, de la nouvelle prestation catastrophique de leur ouvreur, Quade Cooper. L’ennemi juré, né au pays du long nuage blanc avant de franchir la mer de Tasmanie à 13 ans, a envoyé son coup d’envoi directement en touche. Il n’en fallait pas plus pour que les Néo-Zélandais, poussés par leur public, réalisent une entame de match extrêmement convaincante. Seule la maladresse de Piri Weepu (trois pénalités et une transformation manquées) a permis aux Australiens de rester dans le coup. Avec le drop du jeune Aaron Cruden (21 ans), brillant à l’ouverture alors qu’il n’a rejoint le « squad » qu’après le forfait de la star Dan Carter, les Blacks ne comptaient que huit points d’avance à la pause (14-6).
La même finale qu'en 1987
Mais déjà, l’impression que le billet pour la finale ne pouvait leur échapper écrasait le suspense. Les crochets de Digby Ioane, l’Australien le plus inspiré, ou le drop de Quade Cooper, qui a eu besoin d’être installé dans un fauteuil pour réussir quelque chose de positif (32e), n’ont pas compensé la détresse des Wallabies en mêlée et en touche. David Pocock, l’un des meilleurs troisième-ligne de la Coupe du monde, devra ainsi digérer le moment où il s’est fait secouer la tête par un Néo-Zélandais après une énième pénalité. Et Will Genia oublier qu’il a reculé de dix mètres sur un plaquage du capitaine Richie McCaw. Moins incisif offensivement en seconde période, les All Blacks ont alors pensé de plus en plus à la finale. Un rendez-vous qui était obligatoire pour eux.
Même sans Dan Carter, ou avec un Sonny Bill Williams sur courant alternatif (carton jaune à la 76e) Graham Henry avait assez d’atouts pour conduire son équipe au bout de l’aventure. Le talent de Cory Jane, Israel Dagg, Ma’a Nonu, Conrad Smith, Piri Weepu « and co », la puissance d’un pack devenu une référence mondiale, trouvent en ce début de printemps dans l’hémisphère Sud un écho mérité. Mais ces All Blacks devront battre la France dimanche prochain pour devenir des héros. Cet adversaire qu’ils ont dominé facilement en poules (37-17). La presse néo-zélandaise a déjà lancé le match, en allumant les Bleus et leur place arrachée en finale sans la manière. Elle ne manquera pas de rappeler qu’en 1987, il n’y avait pas eu de suspense à l’Eden Park (9-29). Pour leur troisième finale, les All Blacks signeraient pour un parfait remake. Aux joueurs de Marc Lièvremont de créer l’exploit.
Le titre de l'encadré ici
Lièvremont : « On va jouer notre chance à fond »|||
« J’ai toujours dit qu’une finale, c’est du 50-50, a expliqué Marc Lièvremont, le sélectionneur des Bleus, après la victoire des All Blacks contre l’Australie (20-6). Maintenant, on joue les Blacks, et vu notre parcours chaotique… Ils sont depuis toujours mes favoris, la meilleure équipe au monde. Ceci dit, c’est une finale et on va jouer notre chance à fond. On va évidemment se servir du contenu de notre match de poule face à eux mais aussi des images de leur quart et de leur demi-finale. Ne gâchons pas notre plaisir en rentrant trop tôt dans le stress, dans l’angoisse et dans la préparation de ce match. Le match est évidemment dans toutes les têtes, les nôtres comme celles des Néo-Zélandais. La pression va monter petit à petit. »
PT à Auckland