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Blanco : « L'exploit, il sera en finale »

Serge Blanco

Serge Blanco - -

EXCLU RMC Sport. L'ancien arrière du XV de France revient sur la défaite en finale de la Coupe du monde 1987 face à la Nouvelle-Zélande, déjà à l'Eden Park. Et croit les Bleus capables de créer l'exploit dimanche (10h, heure française).

Serge, que reste-t-il de la première finale perdue à l'Eden Park d'Auckland face aux All Blacks en 1987 (9-29) ?

Beaucoup de regrets. Et une impression d’inachevé. On n’était pas forcément venus pour être champions du monde. Ça s’est retrouvé un petit peu sur le terrain. Mais c’était un bonheur exceptionnel. Je me souviens plus de ce qui s’est passé avant et après. On peut regretter quelques mêlées non sanctionnées par l’arbitre de l’époque à la fin de la première mi-temps. On aurait mérité d’avoir un essai de pénalité. Après, en deuxième mi-temps, il y a eu des ballons de contre qui ont été bien exploités par les All Blacks et par David Kirk (le demi de mêlée, ndlr) en particulier. C’est lui qui a mené la danse. On a pris une vague, pas forcément une lame de fond, et on s’est fait emporter. Pour le reste, je n’ai que des souvenirs positifs. Ce qui s’est passé avant, ça a été très fort. Il y a eu des mots exceptionnels qui ont été employés par tous les joueurs, par notre entraîneur de l’époque, Jacques Fouroux. On a décuplé nos sentiments qui étaient déjà forts avant cette finale qui nous a permis d’insuffler une amitié forte et indélébile.

Ce match a soudé votre groupe...

Je ne pense pas qu’il a soudé le groupe. C’est un match qui est venu nous rappeler que nous étions des amis et que nous avions fait beaucoup d’efforts depuis beaucoup d’années. Avec d’autres rencontres et la chance d’avoir réussi deux Grands Chelems. C’était la fin d’une époque pour certains, le début d’une autre pour d’autres joueurs. En toute sincérité, je crois que ça a été l’aboutissement humain d’une équipe. Les sentiments sont encore forts et tenaces. Même si on peut toujours se fâcher, avoir des problèmes avec d’autres personnes, ce qu’on a vécu, on ne peut pas l’effacer. En un regard, on sait qu’on a vécu quelque chose de fort.

« Une question de volonté »

Que voudriez-vous refaire si vous le pouviez ?

On ne peut pas recommencer. Il faut juste avoir l’honnêteté de se rendre compte qu’on n’était peut-être pas présents le jour où il le fallait. On a été présents huit jours plus tôt, contre l’Australie. C’était fort. On ne peut pas se contenter de dire que ça a été magique parce qu’on a battu l’Australie. Cette aventure aurait pu être encore plus belle. Elle nous a permis de voir qu’on était fort rugbystiquement. C’est ce qui est intéressant. J’ai pu rencontrer nos adversaires de l’époque il y a quelques jours, ici en Nouvelle-Zélande. Je crois qu’on a véritablement une vision très forte du respect qu’ils ont eu pour nous. C’est ça, pour moi, la plus belle récompense.

Puisque les Bleus font un exploit tous les 12 ans en Coupe du monde, tout est possible pour dimanche ?

Je ne pense pas que l’équipe de France fasse des exploits tous les 12 ans. Il y a une seule équipe de France qui a fait un très grand exploit, en 1999. Elle avait battu à l’époque les grands favoris, les Blacks. Malheureusement, elle n’a pas pu concrétiser en finale. Cette année, il n’y a pas eu l’élimination d’une grosse équipe. L’exploit, il sera en finale. Ils ne vont pas jouer contre 15 joueurs mais contre des millions de Néo-Zélandais. Ils ont le potentiel pour y croire, pour peu qu’ils aient la volonté et l’envie féroce d’être les premiers et de se jeter sur tous les ballons, d’être présents sur tous les impacts. Là où il y aura un Black, il y aura deux Français. Aujourd’hui, les dés sont jetés. C’est une question de volonté.