RMC Sport Coupe du monde de rugby

Bonnaire, l'homme à tout faire

Julien Bonnaire

Julien Bonnaire - -

Elu homme du match contre les Anglais et les Gallois, le Clermontois s'affirme chaque jour un peu plus comme un des moteurs du XV de France. Une bonne nouvelle avant de défier la redoutable troisième ligne néo-zélandaise en finale, dimanche.

L’histoire de Julien Bonnaire est un drôle de recommencement. A 31 ans, le troisième-ligne participe à sa deuxième Coupe du monde. Et à chaque fois, c’est sur le banc des remplaçants que le Clermontois a débuté la compétition. Il y a d’abord cette entrée en jeu contre l’Argentine en 2007 sous l’ère Laporte. Puis, son apparition à la 74e minute de jeu contre le Japon cette année. La suite de la compétition du joueur aux 69 sélections est étrangement troublante. Que ce soit en France ou en Nouvelle-Zélande, Bonnaire ne disparaît plus du XV de départ. La comparaison devrait une fois de plus se vérifier dimanche, à condition que Marc Lièvremont décide de l’aligner pour la sixième fois de rang.

« Julien Bonnaire a été excellent. Je dis toujours que c’est un des joueurs les plus complets de mon groupe », livrait Lièvremont après la victoire en phase de poules contre le Canada. Pas de raison, donc, que le technicien change d’avis. D’autant qu’entretemps, il s’est doublement illustré. D’abord en quarts contre les Anglais, puis au tour suivant face aux Gallois, avec deux titres d’« homme du match ». Contre la Rose, il a d’ailleurs tout simplement été éblouissant. Bonnaire refuse pourtant de tirer la couverture à lui : « On passe de moins que rien à peut-être champion, mais on sait d’où on vient et tout ce qu’on fait depuis le début de la préparation, glisse-t-il. Il faut rester humble et garder la tête sur les épaules. » D’autant qu’il est conscient de ses statistiques contre les Blacks qu’il rencontre dimanche. A savoir cinq défaites pour un seul succès. C’était il y a quatre ans. Déjà en Coupe du monde.

A la fois joueur et paysagiste

Le natif de Bourgoin sait qu’il dispute sans doute son dernier Mondial. Alors il le répète : l’objectif n’était certainement pas l’Angleterre ou le pays de Galles, mais bien le trophée Webb-Ellis. Une fin en apothéose pour celui qui a honoré sa première cape à l’occasion d’un remplacement lors du Grand Chelem 2004, alors qu’il n’était pas encore professionnel à 100%. A l’époque, Bonnaire préfère assurer son avenir en travaillant aux espaces verts de Bourgoin comme paysagiste. Membre de la « Berjallie » (comme Papé, Nallet, Parra et Pierre), il fait aujourd’hui partie des cadres de ce groupe. Et ce n’est pas un hasard s’il a été l’un des premiers à venir saluer les supporters qui attendaient les Bleus dans le hall de l’hôtel depuis de longues minutes, après la victoire contre les Gallois, samedi.

Que ce soit sous l’ère Laporte, qui l’a fait jouer à 35 reprises sur 39 entre 2005 et la fin du Mondial 2007, ou sous la houlette de Marc Lièvremont, qui l’a utilisé 21 fois sur 22 depuis la tournée d’automne 2009, Bonnaire a toujours fait partie des meubles. « On sait l’admiration que j’ai pour ce joueur en termes de classe et de constance », justifie l’actuel entraîneur des Bleus. Son coéquipier de Clermont, Julien Pierre, abonde : « C’est toujours le même. Il passe rarement à côté de ses matches et aujourd’hui, il continue. » Quand on rapporte ces propos au principal intéressé, lui, répond timidement : « Ça fait plaisir, mais je ne m’arrête pas à ça. Il faut prouver à chaque sortie. Il n’y a rien d’acquis. »