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Christchurch, ville morte

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Il y a sept mois, un séisme de magnitude 7 ébranlait Christchurch causait la mort de 181 personnes. Alors qu'elle devait accueillir sept matches de la Coupe du monde de rugby, la deuxième ville du pays tente aujourd'hui de se reconstruire. Reportage exclusif dans les rues de la ville fantôme.

Des barrières qui séparent la ville du reste du pays. Des panneaux orange sur lesquels est inscrit : « Extreme danger. Keep out » (Danger, ne pas approcher). Sept mois après le drame, Christchurch est devenu une zone à part à l’intérieur même de la Nouvelle-Zélande. Parmi les 35 000 habitants de la deuxième ville du pays, seule la centaine qui a encore des effets personnels dans ses appartements, est autorisée à y pénétrer une fois par semaine grâce à un badge nominatif. Dans les rues, des tractopelles, des camions de déblaiement et un bruit constant de bétonneuse sont les seuls indices d’une vie qui s’est arrêtée. Autour des bâtiments, et notamment de la cathédrale, des échafaudages, signe bienheureux d’une reconstruction en marche.

Selon Roger Sutton, directeur général de l'Autorité de reconstruction, la renaissance de la ville prendra entre 10 et 15 ans, pour un coût estimé à 15 milliards de dollars néo-zélandais (environ 9 milliards d'euros). Depuis le séisme, l’armée néo-zélandaise empêche l’accès à cette zone, dite « rouge ». Les demandes de la presse internationale sont toutes rejetées. Et pour cause : à l’intérieur, c’est le chaos le plus total. Certains bâtiments ont été rasés, d’autres le seront dans les mois à venir. La reconstruction est particulièrement difficile, même si certains habitants espèrent pouvoir rentrer chez eux dans quelques mois.

Joseph, larmes aux yeux…

Parmi les victimes, Joseph, un Australien exilé en Nouvelle-Zélande. Son appartement n’a pas été entièrement détruit mais, comme ses voisins, il a été obligé de le quitter à contrecœur. Dans un bon français, casque de chantier sur la tête, chasuble orange sur le dos, il effectue la visite guidée. La rue commerçante, le mall, son quartier… Larmes aux yeux, il tente de se contenir. « J’habitais derrière cette cathédrale, montre-t-il du doigt. C’était notre voisine en quelque sorte. Maintenant, vous pouvez voir dans quel état elle est. Ça a été un jour terrible. J’étais très triste. Je ne reconnais plus cette ville. » En attendant de pouvoir peut-être réintégrer son logement d’ici quelques mois, il loue avec sa femme une maison en banlieue.

Les souvenirs restent néanmoins vivaces. « Quand c’est arrivé, j’ai dit à mes collègues qu’on vivait quelque chose d’incroyable, poursuit Joseph. Ça n’a duré que 20 secondes. Ça n’a pas duré longtemps, mais cela a changé nos vies. J’ai vu des gens écrasés par les bâtiments. Les gens pleuraient partout. Je n’oublierai jamais cette image. » C’est dans ce contexte que les All Blacks sont venus passer quelques jours à Christchurch. La ville devait accueillir sept rencontres de la Coupe du monde. Mais ces considérations sont aujourd’hui bien loin. Une "fanzone" (zone des supporters) a même été créée pour que les supporters puissent suivre les matches sur un écran géant. Un petit moment de répit au milieu du chaos.