Christian Ramos, le « mentaliste » qui aide les Bleues

XV de France - -
Christian Ramos, comment en êtes-vous venu à travailler avec les joueuses du XV de France ?
Je travaille depuis huit ans avec les jeunes du Pôle France. On m’a demandé d’intervenir depuis le début de saison avec les féminines pour la Coupe du monde.
Quand on dit préparateur mental, qu'est-ce que cela signifie exactement ?
Je dois être à l’écoute de la joueuse pour qu’elle trouve l’équilibre en situation de compétition, entre son envie, sa motivation, sa lucidité et sa concentration. On met en place un travail individuel et de groupe pour répondre à cette demande. La préparation mentale n’appartient pas à une seule personne mais à tout le staff, et surtout aux joueuses. L’idée, c’est de mettre en place trois groupes de leaders : un groupe de motivation, un groupe de concentration et un groupe d’écoute, en particulier pour celles qui ne jouent pas. Je place un cadre, je lance une réflexion et elles trouvent ensuite du contenu qu’elles exposent au grand groupe. Tout cela lance très concrètement l’approche du match.
Quelles sont les craintes des joueuses de haut niveau ? La peur de l'échec, l'angoisse de la victoire...
Quand on est efficace sur le plan de la préparation mentale, on évoque tout d’abord la difficulté. Si l’on travaille sur cette difficulté, cela devient plus une alliée qu’une ennemie. L’idée, c’est de canaliser cette émotion pour avoir quelques techniques qui nous permettent de ne pas trop s‘affoler et de se reconcentrer sur des repères de concentration, pour éviter de tomber dans un dialogue interne négatif.
L'angoisse des joueuses est-elle humaine ou sportive ?
L’angoisse est amplifiée par l’environnement et la performance. Cela fait partie du jeu. La médiatisation est une conséquence et non un moyen. Le moyen, c’est sur le terrain, c’est ce qu’elles vont mettre en place pour gagner.
Vos buteuses n'étaient pas trop en réussite au début...
Je ne vais aborder que la sensation, pas l’aspect technique ou tactique qui appartient aux entraîneurs. L’aspect mental avant un tir au but est un travail de longue haleine, qui permet de faire abstraction du geste technique qu’on a tendance à se réciter. Il faut donc se libérer et buter avec plaisir. Si c’est une contrainte, c’est un échec.
En quoi travailler avec des femmes est-il différent ?
Elles ont encore plus besoin d’équité, d’explications précises. La chance que l’on a avec ce groupe, c’est qu’elles appliquent tout ce que le staff leur propose. Il y a des attitudes que les coachs voient très bien. Mais il faut instaurer une confiance réciproque pour qu’elles expriment tout ce qu’elles ressentent.
A la veille du match contre l'Australie, à quel moment allez-vous intervenir ?
Sur la veille de match pendant ce tournoi, on a instauré les trois groupes de réflexion entre 16h et 17h30, avant le « captain’s run ». Cela permet de préparer le terrain. Elles adhèrent énormément, elles sont très impliquées dans ce qu’elles font. Elles ont une grande maîtrise de ce qu’on a mis en place. Elles m’appellent « le mentaliste. »