Clerc chasse les records

Vincent Clerc - -
Il y a eu Serge Blanco, Philippe Sella et Philippe Saint-André. Il y a maintenant Vincent Clerc. Depuis son essai contre le Tonga il y a trois semaines, l’ailier Toulousain aux 56 sélections est entré dans le cercle très fermé des Français à trente essais. Mieux, après avoir une nouvelle fois aplati derrière la ligne contre l’Angleterre en quart de finale, il est même monté sur le podium en compagnie de Philippe Sella (31 essais tous les deux) et se retrouve à une unité de Philippe Saint-André. « Pensez-vous qu’il vous appellera en équipe de France », le questionne-t-on en conférence de presse. L’intéressé s’en amuse. D’autant qu’il se considère encore loin des 38 réalisations de Serge Blanco. Car Vincent Clerc ne quitte jamais son sourire et sa spontanéité. Comme lorsqu’il est autorisé par son entraîneur et beau-père, Guy Novès, à quitter ses coéquipiers toulousains à la mi-temps d’un match pour se rendre auprès de sa femme en train d’accoucher.
Disponible pour les médias ou les supporters, celui qu’on appelle chicken à Toulouse (car même si on lui coupe la tête, il court) apporte un véritable vent de fraicheur à un groupe qu’on a dit sous tension en début de Coupe du monde. Mais ne vous fiez pas à sa gueule d’ange. Derrière ce côté « gendre idéal » se cache un incroyable compétiteur. Bien loin des « standards » de l’ailier moderne, le Grenoblois a fait de son physique (1,78m pour 86 kg) sa force. « Je fais partie des petits gabarits », reconnaît-il d’ailleurs librement. A l’image de son concurrent gallois, Shane Williams, écarté en demi-finale. « C’est un sacré finisseur, livre d’ailleurs Williams au sujet de son homologue. C’est un ailier qui va chercher le ballon et qui travaille beaucoup. »
Il offre ses chaussettes à une supportrice
Tout était d’ailleurs allé très vite pour le jeune homme de 30 ans. Un départ de Grenoble direction Toulouse fin 2002, une première sélection contre l’Afrique du Sud dans la foulée et le premier de ses trois titres de champion d’Europe en 2003. Même s’il est sacrifié en raison de sa non-polyvalence pour la Coupe du monde, il rebondit avec un Grand Chelem en 2004. Meilleur marqueur de l’histoire de la Coupe d’Europe (32 essais), il compte à son palmarès trois Tournois, autant de Coupe d’Europe, un Bouclier et deux Coupes du monde, dont celle de 2007 à laquelle il participe activement. Mais, usé, il se blesse gravement au genou droit en 2008 et doit s’arrêter six mois. De retour au premier plan, il savoure aujourd’hui sa réussite.
Sans en rajouter, notamment quand on lui demande si ce titre de meilleur marqueur de la Coupe du monde (il est à égalité avec Chris Ashton et ses cinq essais) est un objectif. « Si on est champion du monde sans essai, je serais très satisfait », rétorque-t-il. Capable de chambrer journalistes et coéquipiers, il est également un des plus impliqués à l’entraînement. En dehors, il sait également rendre la pareille à ses supporters. Comme lorsqu’il s’engage auprès d’une supportrice, dans le hall de l’hôtel au soir de la victoire contre le pays de Galles, à lui offrir ses chaussettes. Promesse tenue une heure plus tard. Il ne lui manque désormais plus qu’une Coupe du monde pour satisfaire son appétit de titres. Avec comme signe du destin, un joli clin d’œil. « Je n’ai jamais marqué contre les Blacks et je n’avais jamais marqué contre les Anglais. Si ça peut être un signe du destin… » On signe des deux mains.