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Dans la tradition du haka

Le haka néo-zélandais

Le haka néo-zélandais - -

A Manurewa, dans la banlieue sud d'Auckland, les habitants se réunissent tous les lundis soirs pour un cours de haka. Immersion.

Avant toute chose, il faut penser à enlever ses chaussures. Le marae est un lieu sacré. Faisant office de salle commune pour les activités de la communauté maorie, il est aussi « la maison des ancêtres », comme l’explique Damon, un des responsables. « C’est ici que sont ancrées nos histoires et nos légendes, poursuit-il. On use le marae pour rassembler les gens à l’occasion des mariages et des naissances, on y amène les êtres chers qui sont décédés, on y célèbre les enterrements ». A l’intérieur de la salle traditionnelle, bâtie en bois et sculptée à la main, règne une joyeuse pagaille. Il est 18h30 et une soixantaine de personnes sont déjà là. Des enfants de quelques années qui courent dans tous les sens, des ados qui discutent, de jeunes couples, et même plusieurs anciens, assis sur les bancs.

Damon commence alors son discours introductif. Il maîtrise le te reo, la langue des maoris. Tout le monde écoute religieusement, à part les plus jeunes qui continuent à jouer avec leurs petites voitures. Il souhaite la bienvenue à ses deux invités du soir et les invite à prendre place. Les choses sérieuses ne vont pas tarder à commencer. La communauté du marae de Manurewa se prépare en effet pour une importante cérémonie télévisée à l’occasion de la Coupe du monde de rugby. Il lui faut réviser son kapa haka (un haka collectif) sous la direction de la femme de Damon.

Roy, 13 ans : « Une manière d'exprimer ma colère »

Une cinquantaine de personnes, de tous âges et tous sexes confondus, prennent place face à elle. Deux guitaristes se placent dans les rangs. Et soudain, les chants se mettent à résonner. Des mélodies harmonieuses, bien loin de l’image que l’on se fait habituellement d’un haka viril et guerrier. Les femmes jonglent avec des « poi », des boules de plastique reliées à une ficelle. Juchée sur son estrade, la maîtresse de cérémonie reprend les gamines qui ne maîtrisent pas encore suffisamment les paroles et la chorégraphie. Plusieurs chansons s’enchaînent, avant un brusque changement. Les hommes prennent place au premier rang, les femmes reculent.

Commence alors un haka guerrier repris avec une énergie impressionnante par tous les participants. Langues tirées, yeux exorbités... tout le monde est à fond. « J’adore faire le haka tout le temps, tous les jours, confirme Roy, 13 ans. C’est une bonne manière d’exprimer notre colère. J’apprends le haka depuis que je suis né, ça vient naturellement. » Après une demi-heure d’efforts, les visages sont marqués. Mais la séance semble avoir satisfait Damon et sa femme. Leurs protégés sont prêts.