RMC Sport Coupe du monde de rugby

Des cadors loin d'être souverains

Schalk Burger

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S'ils ont tous remportés leur premier match de la Coupe du monde, les favoris à la victoire finale ne l'ont pas fait avec la maîtrise et le contrôle attendus. La palme de la sortie la plus inquiétante revient sans conteste aux Sud-Africains, vainqueurs sur le fil du pays de Galles (17-16) tandis que l'Australie, malgré une première période laborieuse face à l'Italie (32-6), s'est montrée la plus convaincante.

« Chaque match de cette Coupe du monde est dur. On s’attend à devoir jouer des matches difficiles pendant toute la phase de poule. » Fourie du Preez ne croit pas si bien dire. Quelques minutes auparavant, lui et ses coéquipiers arrachaient, grâce à la densité du banc springbok, les quatre points du succès au pays de Galles (17-16). Mais les propos du demi de mêlée sud-africain, d’autres auraient pu les tenir, le week-end dernier, à l’issue de la première journée des phases de poule de la Coupe du monde. Surtout chez les autres « gros ».

Car l’Afrique du Sud, tenante du titre et toute proche d’un couac pour son entrée en lice dimanche, n’a pas été la seule formation, étiquette de favorite dans le dos, à inquiéter son auditoire. Et à ne pas, comme le rapport de forces le laissait supposer, maîtriser son sujet. L’Angleterre n’a impressionné personne non plus, disposant dans la douleur de l’Argentine (13-9). « En 2007, la France (qui avait perdu le match d’ouverture contre l’Argentine) se serait coupé le bras pour gagner ce match, rappelle le sélectionneur Martin Johnson. On aurait pu perdre. Mais on n’a pas perdu. » Ce qu’a également fait l’Irlande, sur un score tout aussi étriqué (22-10) et sous une pluie diluvienne, face aux modestes Etats-Unis. « La victoire n’est pas toujours très belle, tempère le centre Brian O’Driscoll. Mais elle est quand même là. »

Avant d’ajouter, bien conscient que les quatorze en-avants et l’essai de contre encaissé en fin de match faisaient désordre : « Il faut vraiment qu’on travaille dur cette semaine.» Indispensable avant d’aller défier des Australiens, certes bien gênés par les Italiens. Mais pendant 40 minutes seulement (32-6). « On a dû s'employer, mais une bonne partie de notre travail a porté ses fruits en deuxième période, reconnaissait après coup Robbie Deans. On s’est donné les moyens de passer. »

« La victoire n'est pas toujours très belle »

Mission également accomplie, dans un registre très différent, par la France et la Nouvelle-Zélande. Si les Bleus ont alerté les observateurs par leur manque de concentration dans le jeu, aussi bien en attaque qu’en défense, face aux Japonais (47-21), c’est le physique qui a soulevé quelques interrogations dans le camp black contre les Tongiens (41-10). Notamment celui du capitaine, Richie McCaw, pas à son avantage vendredi dernier. «McCaw a-t-il perdu son mojo ? C’est en tout cas la question que se pose le rugby après l’étrange prestation du troisième ligne », pouvait-on lire ce jour-là dans le Rugby Heaven. L’absence de politique tranchée autour d’une équipe type dans les deux camps a, également, agacé les médias. Et soulevé un vent d’interrogation autour des sélections respectives.

Une atmosphère que Marc Lièvremont a balayé de la main, en pointant surtout du doigt les imperfections des autres. « Je n’ai pas vu une équipe de Nouvelle-Zélande qui maîtrisait son sujet contre le Tonga, pourtant très fébrile en début de match. Je ne pense pas qu’ils aient été contents de la totalité de la rencontre. On peut également penser aux Ecossais contre la Roumanie ou aux Anglais qui ont eu chaud contre l’Argentine, même si vous pouvez me dire que les Argentins sont demi-finalistes de la dernière Coupe du monde. » Une façon comme une autre de repousser le débat. Voire de commencer à l’étouffer. A condition, pour les Bleus comme pour les autres favoris, d’ajouter la manière au succès, cette fois, lors de leur prochaine sortie.