Dusautoir : « Ça reste une belle histoire... »

Élu joueur du match, Thierry Dusautoir a été le symbole d'un XV de France courageux et volontaire mais qui n'aura pas su forcer son destin en finale de la Coupe du monde. Le capitaine des Bleus reste fier du visage montré par ses joueurs face aux All Blacks.

Thierry, avez-vous vite senti que les All Blacks avaient le trac et étaient prenables ?

Ce soir tout le monde avait le trac, aussi bien eux que nous. Je vous rappelle les commentaires qu’on a pu subir toute la semaine. Aujourd’hui, il y avait trente mecs sur le terrain qui avaient tous autant la trouille. Nous on a joué notre chance à fond et on a échoué à un point. On est évidemment très tristes de l’issue mais on a eu de la réussite sur les tours précédents, là on n’en a pas, c’est comme ça, ça fait partie du sport.

Avez-vous le sentiment d'avoir été lésé par l'arbitrage dans cette finale ?

Je suis évidemment très déçu par l’issue du match. Mais je n’ai pas envie de critiquer l’arbitre, c’est l’un des meilleurs au monde. Aujourd’hui, on n’a peut-être pas fait assez pour avoir cette fameuse pénalité à la fin mais en tout cas, on ne pouvait pas faire plus. On était au maximum et je suis très fier des gars, de tout ce qu’ils ont pu donner ce soir comme sur l’ensemble de la compétition.

Qu'avez-vous ressenti en inscrivant votre essai ?

J’étais content de le marquer au pied des poteaux car je me suis dit que la transformation était assurée et qu’on revenait à un point. Mais bon, il n’y avait pas plus de joie que ça car il restait beaucoup de temps et je savais qu’il fallait qu’on continue à leur mettre la pression. C’est ce qu’on a réussi à faire mais pas suffisamment pour pouvoir engranger d’autres points.

Comment avez-vous vécu le haka, seul à la pointe du « V » formé par les Bleus ?

Je n’étais pas tout à fait seul. J’avais mes coéquipiers avec moi, je les sentais proches de moi. Même un peu trop à un moment, ils voulaient carrément traverser et aller embrasser les Néo-Zélandais. Il a fallu un peu essayer de les calmer. Ce sont de grands moments dont on se souviendra toute notre vie. Si cela avait pu être ponctué par la victoire et le trophée, ça aurait été fantastique. Mais ça reste quand même une belle histoire.

« On a été forts dans nos têtes »

Comment vous est venue l'idée de former ce « V » face au haka ?

Durant la semaine, j’ai senti que pas mal de joueurs avaient envie de faire quelque chose pendant le haka. Ceux qui n’avaient pas vécu 2007 en avaient très envie. Quelqu’un proche de nous, dont je tairai le nom car il préfère être discret, a émis cette idée-là. On y a repensé ce matin et c’est venu comme ça.

Sans parler de cette finale, que pensez-vous de l'interprétation de la règle du jeu au sol sur l'ensemble de la compétition ?

C’est toujours une phase difficile à juger et déterminante pour le jeu. Sur ce match, effectivement, ils ont beaucoup été dans notre camp et on n’a pas réussi à les sortir suffisamment. On n’était peut-être pas assez proches au niveau de nos soutiens pour avoir des libérations de qualités. Dans le rugby d’aujourd’hui, les rucks restent l’une des phases les plus importantes du jeu et les All Blacks l’ont bien compris depuis très longtemps.

On a senti beaucoup d'émotion chez les Bleus au moment de votre entrée sur le terrain. Quel était votre état d'esprit dans le vestiaire ?

Il y avait l’émotion qu’il peut y avoir quand on joue une finale de Coupe du monde. On est tous conscients qu’on est passé à côté de quelque chose de grand. Pour la majorité des joueurs, ça ne se reproduira plus jamais. On a eu cette émotion d’avoir conscience de vivre un moment unique. D’autant plus nous sommes arrivés à ce niveau de la compétition en vivant des moments très difficiles et en subissant beaucoup de critiques. Malgré tout, on a été forts dans nos têtes. On a montré à pas mal de monde que le rugby, ce n’est pas forcément juste des skills (gestes techniques, ndlr) et des combinaisons, c’est aussi du mental. Mais peut-être qu’il aurait fallu un peu plus de skills pour gagner cette finale. Si vous me le permettez, j’aimerais ajouter quelque chose.

Allez-y.

Je voudrais remercier nos familles et nos amis qui nous ont soutenus pendant toute la compétition. Sans eux, ça aurait vraiment été difficile et on serait rentrés à la maison depuis bien longtemps.