Entre la Rose et ses médias, ça pique !

Martin Johnson répond à la presse. Un exercice qu'il n'aime pas - -
L’hôtel Crowne Plazza des Anglais a des allures d’auberge espagnole, où chacun -joueurs, familles, journalistes, partenaires et agents- vaque dans une ambiance bonne enfant. Un contraste saisissant avec le Sky City Hotel, cocotte-minute des Bleus au bord de la crise de nerfs, quadrillée d’« empêcheurs de passer » en tout genre. Et pourtant, 150 mètres seulement séparent les deux QG, plantés dans le centre-ville d’Auckland, dans une réplique du quartier de La Défense. Mais la chorégraphie toute en retenue développée au Crown Plazza cache une guerre d’usure entre la sélection et les journalistes. Si les relations entre Marc Lièvremont et les médias tricolores ne sont pas toujours au beau fixe, l’heure est plus que jamais à la défiance entre Martin Johnson et les reporters made in England.
Les rapports n’ont jamais été aisés, mais ils le sont encore moins depuis le titre acquis en 2003. Les batifolages récents de Mike Tindall, l’époux de Zara Philips, membre de la famille royale, et les propositions appuyées de James Haskell, Dylan Hartley et Chris Ashton à une employée d’hôtel, n’ont fait que tendre un peu plus la corde entre le XV de la Rose et les représentants du quatrième pouvoir. « Johnson n’aime pas les médias, il ne les aimait pas en tant que joueur, il ne les aime pas en tant que manager. Mais en rugby, malheureusement, ce n’est pas aussi simple », explique Ewan MacKenna, de Rugby Media.
Un pitbull aux basques des joueurs
Dans le lounge, les couloirs et les ascenseurs, médias et joueurs se côtoient, mais on y digresse de la pluie (fréquente) et du beau temps (rare). Pas ou peu de vigiles devant les ascenseurs, à l’inverse du dispositif dans l’hôtel des Français. Mais une règle tacite interdit de parler de rugby. Dans ce maillage invisible et feutré, un homme fait figure d’aiguilleur du ciel : Dave Barton, l’officier de presse de la Rugby Football Union (RFU). Véritable pitbull du XV de la Rose, Barton s’invite dans les conférences de presse, rappelle à l’ordre les reporters quand le temps de parole est dépassé, répond à la place des joueurs ou les invite à ne pas répondre à une question jugée mal venue.
Extraits d’un échange plus glacial que cordial avec un envoyé spécial de la BBC demandant ce mardi si Tindall s’entraînait : « Vous n’avez qu’à regarder (la séance d’entrainement) ». Réponse du journaliste : « D’un point de vue professionnel, vous êtes payé pour me répondre. » Réponse de l’officier de presse : « D’un point de vue professionnel, je n’ai de leçons à recevoir de personne, surtout pas de vous. » Ambiance… « C’est très frustrant pour nous, journalistes, de ne pas pouvoir parler directement aux joueurs, et on pense que les joueurs ressentent la même chose », commente MacKenna. Depuis qu’il a figuré avec Clive Woodward sur la photo des champions du monde, Barton, membre à part entière de l’encadrement du XV de la Rose, est la bête des noire des journalistes d’Outre-Manche. A tel point que certains ont misé sur une défaite de l’Angleterre samedi. Pour lever quelques livres, et se faire la tête de l’« empêché de presse » le plus honni d’Albion.