RMC Sport Coupe du monde de rugby

Estebanez, l'homme pressé

Fabrice Estebanez

Fabrice Estebanez - -

Grand amateur de musique, Fabrice Estebanez débutera la Coupe du monde dans la peau d'un titulaire contre le Japon. Mais le joueur du Racing n'est pas venu pour divertir la galerie.

L’image a pu en faire sourire certains. Après près de 40 heures de vol, les traits tirés, Fabrice Estebanez débarque à Auckland, guitare sur le dos. Pas question de mettre le précieux instrument en soute pour le trois-quarts centre du Racing Métro 92. Mais de là à faire de Fabrice Estebanez un simple troubadour venu divertir ses coéquipiers du XV de France… L’ancien Briviste n’est pas venu en Nouvelle-Zélande dans la peau de l’amuseur de service. C’est d’ailleurs en tant que titulaire que le natif de Carcassonne débutera la Coupe du monde contre le Japon.

Les plus sceptiques avanceront que Maxime Mermoz est en manque de forme. Marc Lièvremont réplique, au sujet de l’association qu’il formera avec Aurélien Rougerie : « Je loue les qualités de passeur et de lecture du jeu de Fabrice. Même si au départ, ils ne sont peut-être pas complémentaires, ils communiquent beaucoup. Ils sont durs au mal et échangent beaucoup. » Avec seulement 5 sélections au compteur, Estebanez est, à 30 ans, un des joueurs les moins expérimentés du squad des Bleus. La faute à une arrivée tardive dans le rugby à XV. Vingt-cinq fois international à XIII dans les années 2000, il ne débarque au XV, à Gaillac, qu’en 2005, faute de contrat.

« On m'aurait enfermé »

Chômeur en 2007 après la chute du club, il signe à Brive avec l’ambition de devenir international dans les trois ans. « Quand j’ai dit ça, on m’a pris pour un fou. Alors imaginez si j’avais dit que je voulais être en Coupe du monde. On m’aurait enfermé », s’amuse-t-il aujourd’hui. Et pourtant, mission accomplie. Il effectue ses débuts sous le maillot de l’équipe de France le 13 novembre 2010 contre les Fidji. « Mon parcours a été fait de hauts et de bas mais, quand je regarde derrière moi, je pense que j’ai quand même été assez gâté, livre-t-il. Aujourd’hui, je vis de ma passion et je joue pour mon pays dans la plus grande compétition au monde. Je suis très fier et je regarde droit devant. »

Très proche d’Alexis Palisson, lui aussi futur ex-Briviste, Estebanez ne manque pas d’humour quand il s’agit d’évoquer leur relation. Comme si la pression de la Coupe du monde n’avait pas d’impact sur son humeur. « Un ami de Brive a proposé de nous pacser. On va y réfléchir », plaisante le centre. Et lorsqu’on lui demande de définir son humeur du jour en chanson, il lâche après réflexion : « L’homme pressé, de Noir Désir ». Quant à jouer un morceau devant les journalistes qui le questionnent : « Pas tout de suite, je suis en train de préparer un petit concert. Là, j’aurai de la pression. »