France-Irlande - Lombard: "Prendre le score et obliger les Irlandais à se découvrir"

Thomas Lombard - DR
La clé du match : être toujours devant
« Si on les laisse diriger le match, ils ne mettront pas beaucoup de vitesse. Ça va être un peu soporifique, il y aura beaucoup de coups de pieds, beaucoup de batailles sur les phases de rucks et ce sera difficile de mettre de la vitesse. Ils sont capables de conserver le ballon pendant une éternité pour emmener l’équipe à la faute, et Sexton, au niveau des tirs au but, représente quand même une assurance tous risques. Alors s’ils prennent le score, ce sera très compliqué pour nous. En revanche, si on arrive à faire une bonne entame de match, à les contrer un peu physiquement, à leur mettre la pression, à les faire douter et qu’on prend le score, là, ils vont devoir sortir le plan B… et le plan B, ils auront beau le chercher dans la manche, ils n’en ont pas. Donc ils vont s’enferrer dans un système de jeu qui n’est visiblement pas le bon, qui n’est pas adapté, et c’est là qu’on pourra les surprendre. L’idée pour la France, c’est de prendre le score et d’obliger les Irlandais à se découvrir. Sinon on n’y arrivera pas. »
Sexton-Michalak, l’autre duel de France-Irlande
« Ils ne sont pas opposés dans leur capacité de travail, ce sont deux joueurs qui s’imposent des séquences d’entrainement, d’analyses, de tirs au but, de préparation très denses et très nombreuses. Ce sont des joueurs qui aiment maîtriser les éléments, qui sont conditionnés par leur poste à la performance de leurs avants. Mais un a été élevé à la mamelle anglo-saxonne, Sexton, qui est un chef d’orchestre qui récite une partition, très bien, avec beaucoup de sérieux, d’exigence et jamais de fausses notes. Et puis il y a un autre qui a l’oreille musicale, qui n’a pas forcément besoin d’une partition pour faire un bon morceau. C’est une qualité mais ça peut être aussi un défaut quand on doit coller à un plan de jeu, être extrêmement rigoureux. C’est sûr qu’avec Fred, on n’a pas la garantie absolue. En revanche, quand il s’agit de trouver un plan B, de sortir des gestes, de s’extirper de situations exceptionnelles, de trouver des initiatives, là, il n’y a pas match. C’est pour ça que j’ai l’impression que dans le duel qui les oppose, il y a une espèce de truc un peu irrationnel pour le moment qui donne un avantage à Michalak. Les Anglo-saxons ne supportent pas ce genre de joueurs parce qu’ils ne peuvent pas prévoir ce qui peut arriver. Michalak va représenter un danger important, et je n’ai pas vraiment de doute sur la performance qu’il va livrer. Forcément, il sera tributaire de ses avants, de sa capacité à jouer en avançant, d’avoir des ballons rapides, comme toujours, mais si on les a, aucun souci. »
L’indispensable Bastareaud
« Il est devenu indispensable par le projet de jeu qui a été arrêté lors de la phase de préparation et qui s’est confirmé lors des matches de poule. C’est-à-dire un jeu direct, basé sur la puissance physique, autour évidemment de la domination des avants en mêlée, de la conquête en général... Donc il faut de la robustesse, de la puissance, des joueurs qui ne perdent pas les ballons, qui remportent leurs duels et qui gagnent la ligne d’avantage. Ce sont les atouts et les qualités principales de Mathieu qui fait ça très bien, et qui maintenant se met même parfois à distribuer les ballons. Voilà ce qui fait que Mathieu s’est un peu installé comme la pierre angulaire derrière, même si, statistiquement, si on regarde l’ère Saint-André, c’est un joueur qui a plutôt beaucoup joué. Que ce soit avec Florian Fritz quand il était en équipe de France ou avec Wesley Fofana, ils ont beaucoup tourné. Il a toujours été dans les petits papiers, il a toujours été parmi les joueurs qui ont été appelés pour préparer les compétitions. Il n’arrive pas du diable Vauvert. »
L’avantage de finir premier
« La première place nous envoie dans la partie basse du tableau, c’est-à-dire en évitant les Blacks et probablement l’Afrique du Sud, qui va terminer première de sa poule. Ça laisse une marge de manœuvre un peu plus tranquille pour aller jusqu’en finale, je l’espère. La route est quand même plus dégagée sur la partie basse du tableau qu’en haut. »
Argentine ou Nouvelle-Zélande en quart de finale ?
« Pour moi, il vaut mieux l’Argentine que la Nouvelle-Zélande. On sait clairement ce qu’on aura en face. On est plus en mesure de se préparer, de construire une stratégie, parce que c’est une équipe qui est à 95% de son potentiel. Elle va peut-être s’améliorer un peu plus en termes d’intensité, mais pas sur ce qu’elle va produire. Il y a une lecture possible de ce que vont proposer les Argentins alors que les Blacks, eux, sont à 60%. Quand tu as une équipe à 60%, tu peux te dire : "Super ! Elle va être à 60% contre nous." Mais ça, ce n’est pas une vérité absolue. Si elle se met à être à 80, 90% là par contre, attention... »
Avantage psychologique pour la France ?
« Il y a des gens qui, aujourd’hui, sont persuadés qu’il vaut mieux jouer la Nouvelle-Zélande que l’Argentine pour cette raison précise. Ils pensent qu’en Coupe du monde, on bat toujours la Nouvelle-Zélande. Mais non, ils nous ont battus 3 fois, il y a 3-2 pour les Blacks donc ce n’est pas tout à fait vrai ! Il y aura bien un moment où les Blacks vont réaliser un bon match en Coupe du monde face à la France, et si c’était en quart de finale, ce ne serait pas une très bonne nouvelle pour nous. Je pense que, rationnellement, il vaut mieux jouer les Argentins. »