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Henry en apothéose ?

Graham Henry

Graham Henry - -

Le coach des All Blacks vivra son dernier match à la tête des hommes en noir, dimanche contre la France. Une rencontre qui pourrait lui apporter le respect de tout un peuple, à condition de ne pas trébucher en finale contre les Bleus.

C’est l’heure de vérité pour Graham Henry, le seul sélectionneur néo-zélandais à avoir eu le droit de mener une deuxième fois les All Blacks en Coupe du monde. En 2007, après le quart de finale perdu contre la France à Cardiff, « Ted » - son surnom - réussit à convaincre sa fédération de le faire rempiler, lui et son staff. Suffisamment habile en coulisses (il a notamment présenté lors de son oral de réembauche un montage vidéo des erreurs d’arbitrage du match contre les Bleus), Henry dame le pion à Robbie Deans, qui espérait prendre en main la destinée des hommes en noir.

Le technicien attend de prendre sa revanche en Coupe du monde depuis quatre ans. Son bilan à la tête des Blacks est éloquent : près de 90% de victoires, des Tri Nations en série, et une génération dorée (McCaw, Mealamu, Carter...) qui le soutient sans sourciller. Partout où il est passé, Henry a profondément marqué les esprits. A la Auckland Grammar School, où il fut professeur d’histoire-géographie et entraîneur du « First Fifteen », on se souvient encore de ces années dorées, durant lesquelles Henry fait ses gammes de technicien. Joueur de rugby de niveau modeste, l’homme a l’entraînement dans le sang.

Après le professorat, Henry se tourne vers le rugby à temps plein. Dans les années 1990, il fait les beaux jours des Auckland Blues, avant d’être contacté par la Fédération galloise en 1998. « Ted » prend alors en main la destinée des Diables Rouges. A Cardiff, on l’affuble du surnom de « Grand rédempteur ». C’est après quatre ans au pays de Galles qu’Henry est contacté pour revenir à la maison. En 2003, le voilà donc à la tête des Blacks.

Futur directeur technique national ?

Mais lors de la Coupe du monde 2007, son credo de « prendre les matches les uns après les autres » explose en plein vol face aux Français. Une erreur dont le coach dit avoir beaucoup appris. Une blessure, aussi. Vendredi, Henry s’est souvenu de ces moments douloureux: « J’ai deux garçons et une fille. Ils étaient tous à Cardiff en 2007. Ils sont arrivés le vendredi soir avant le quart de finale. Et 24 heures plus tard, tout était fini. On s’était retrouvé le dimanche matin, c’était un moment très émouvant (...). J’espère juste qu’on pourra se retrouver dimanche soir et que les choses seront un peu différentes. »

Pour ce Mondial à domicile, le vieux sage, 65 ans, a choisi de retenir l’équipe la plus expérimentée de l’histoire des Blacks. Il compte sur elle pour lui apporter « la paix intérieure ». Car la pression de tout un pays n’est pas toujours facile à gérer. « Ma mère est toujours en vie, elle a 95 ans. Elle sera ravie quand tout cela sera terminé. Absolument ravie !, s’exclame-t-il. Pour ceux qui vivent à mes côtés et ne sont pas directement impliqués, c’est une situation très difficile. » La Fédération néo-zélandaise tente actuellement de le conserver comme directeur technique national à l’issue de la Coupe du monde. Lui a déjà un plan B, si les Blacks venaient à perdre contre les Bleus dimanche : « Venir boire du vin dans le Sud de la France. » Welcome Ted.