« J’assume cet échec »

Dominici avec son capitaine, Raphaël Ibanez - -
Christophe, se remet-on d’une défaite en demi-finale d’une Coupe du Monde ?
La défaite fait partie de la vie d’un sportif. Il ne faut pas croire que c’est facile tous les jours. Il y a le doute, la colère, la déception, la frustration. C’est par contre très facile quand on gagne face aux All Blacks. Mais c’est parfois beaucoup plus douloureux. Toutefois, au fil des ans, on arrive à atténuer la déception. Ce n’est pas le premier coup dur de ma carrière.
Avez-vous été touché par les critiques qui se sont abattus sur l’équipe de France ?
Finalement, tout ce qui se passe aujourd’hui est très français. On était nuls après la défaite face à l’Argentine et champions du monde après les Blacks. Les premiers responsables sont les joueurs. J’assume cet échec, j’en prends la responsabilité. Mais la critique fait mal. C’est tellement facile d’être assis sur une chaise et critiquer. En tout cas, passer de l’euphorie au drame semble plaire à beaucoup de monde. C’est également trop facile de mettre la part de responsabilité sur les autres. C’est encore très français. Des fois, il faut savoir se regarder en face. Je suis tellement déçu… Putain, on aurait pu faire quelque chose de grand. Je suis triste.
On sent énormément de déception…
Forcément, c’est dur. Ce n’est pas facile de remettre la machine en route, de trouver des choses positives. Il y en a parce que nous avons fait vibrer des millions de gens pendant plus d’un mois. Mais aujourd’hui, les plus malheureux, c’est nous. Une fois que l’interview sera terminée, vous sortirez de la salle et tout sera terminé. Mais nous, on sera encore dedans.
Vous connaissez Bernard Laporte depuis douze ans. Quelle image garderez-vous de lui ?
J’ai fait beaucoup de campagnes avec Bernard. C’est quelqu’un qui n’a jamais fait pas de cadeaux. Il est excessif, passionné, ambitieux. C’est un compétiteur avant tout. Avec lui, le rugby français a avancé. Comme moi, Bernard ne sera jamais champion du monde. C’était son souhait le plus cher. Mais son bilan est positif. C’est un grand homme. Je ne vais quitter le navire maintenant, ce serait trop facile. Nous sommes tous fautifs.