RMC Sport Coupe du monde de rugby

Je te hais, moi non plus

Vincent Clerc

Vincent Clerc - -

Rivaux depuis des décennies, Français et Anglais ont appris à se détester. Même si le contexte de ce quart de finale de Coupe du monde n'a rien à voir avec les oppositions passées, il garde une saveur unique.

Le hasard ne pouvait pas mieux faire les choses. Depuis qu’elles se sont installées à Auckland, les équipes française et anglaise sont voisines. Heureuse ironie pour les meilleurs ennemis du Vieux continent, qui s’affrontent samedi pour une place en demi-finale de la Coupe du monde. Alors forcément, quand on aperçoit les joueurs de sa Gracieuse Majesté prendre le café en terrasse, l’idée que certains membres de l’équipe de France puissent rejoindre les Tindall ou autre Flood traverse la tête de certains. « Je ne pense pas qu’on ira avec eux prendre le café, sourit Imanol Harinordoquy. On n’est pas trop copains… »

Le troisième-ligne biarrot fait partie, avec Damien Traille, Jean-Baptiste Poux et Aurélien Rougerie, de ces joueurs éliminés à deux reprises par le XV de la Rose lors des deux dernières Coupes du monde. Aux portes de la finale à chaque fois. Alors forcément ça vous agace un homme. « L’Angleterre, ça représente beaucoup de choses que j’ai en travers la gorge, peste Harinordoquy. J’en ai un peu marre que le scénario se reproduise. Je ne veux pas que l’histoire se répète. » Jean-Baptiste Poux reprend en écho : « Sur les matches couperet, c’est là que nos meilleurs ennemis sont les meilleurs. »

Pierre : « L'Anglais est arrogant »

La haine n’a pourtant rien n’à rien à voir avec les oppositions des années 1990. Sans doute parce que les joueurs anglais affluent depuis de nombreuses saisons en France (Haskell, Palmer, Wilkinson pour ne citer que ceux qui sont dans le groupe de Martin Johnson). Et du côté français, on a également appris à apprécier les Anglais. « La haine est devenue le respect de ce qu’ils font au quotidien, souligne Dimitri Yachvili, qui a joué une saison à Gloucester (2001-2002). Ils s’entraînent beaucoup et mettent beaucoup de passion dans tout ce qu’ils font. C’est pour ça qu’on les déteste et qu’on les aime aussi. »

Surtout les Français ont majoritairement refusé de mettre ce classique en avant, alors qu’ils sortent d’une humiliation contre les Tonga (14-19). Quel que soit l’adversaire, il faut se relever. Et ce n’est qu’anecdotique si c’est contre le XV de la Rose. « L’Anglais est arrogant par nature, lance quand même le deuxième-ligne clermontois Julien Pierre. Maintenant, il ne faut pas se focaliser que sur eux. Si ça doit nous motiver un peu plus, tant mieux, mais il faut se concentrer sur notre match. » En quatre confrontations dans un Mondial, les Bleus n’ont effeuillé la Rose qu’en 1995, lors d’un match pour la troisième place (19-5). « Mais il n’y a pas qu’en Coupe du monde qu’ils nous font mal », conclut Nallet. Comme un message de rébellion en ces temps difficiles.