Jean-Pierre Rives : « Le rugby d’aujourd’hui est trop prévisible »

Capitaine en 1979 de la première équipe de France victorieuse en Nouvelle-Zélande - -
Quels sont vos pronostics pour cette Coupe du Monde ?
Je ne vais pas être très original. Comme tout le monde, je rêve d’une finale opposant la France à la Nouvelle-Zélande. Mais j’ai tout de même un petit faible pour les Argentins. Ce sont les vagabonds du rugby moderne. Ils me plaisent énormément. J’aime cette liberté qu’ils trimballent tout au long de l’année dans leurs valises en carton. Ils ont beaucoup d’allure. Le style de jeu vient toujours du caractère, c’est pour cela qu’ils sont beaux à voir.
Quel regard portez-vous sur le rugby actuel ?
Le problème, c’est que les règles d’aujourd’hui incitent les équipes à cadenasser le jeu. On ne voit plus rien. Effectuer une passe devient même risqué. Le jeu a besoin de la folie des Argentins. Eux, ils sont un peu fous. Ils sortent des stéréotypes du rugby moderne. Pour inciter à la création, il faudrait changer les règles. Les entraîneurs sont devenus les maîtres de la technique. Ils travaillent uniquement sur des schémas bien arrêtés. Le rugby d’aujourd’hui est trop prévisible.
A 48h de l’ouverture de la Coupe du Monde, les vingt capitaines des sélections participant à cette compétition étaient réunis au musée des Arts premiers, à Paris, pour l’inauguration de l’une de vos œuvres. Comment avez-vous vécu ce moment ?
Ce que j’ai réalisé est anecdotique. Ce qui était remarquable, c’était de voir ces capitaines à quelques heures du premier match. Malgré la tension, ils sont venus pour signer cette charte qui met en avant les valeurs du rugby. Ces joueurs ont conscience qu’ils sont en mission durant deux mois. Ils vont faire rêver les enfants. Après cette très belle journée, je suis plus que jamais optimiste concernant le rugby.