L'heure du réveil a sonné pour les Bleus

L'équipe de France à l'entraînement mardi matin à Auckland - -
Dans l’ambiance de choc post-traumatique qui fait le quotidien de l’équipe de France depuis sa défaite samedi contre les Tonga (19-14), l’image entr’aperçue ce mardi à l’entraînement des Bleus fait du bien. Une fois les médias partis, le vaillant Imanol Harinordoquy a ramassé son groupe sur la pelouse du Mont Smart Stadium d’Auckland. Les joueurs ont formé un cercle, bras sur l’épaule, et le Biarrot, un des premiers à avoir fait son autocritique après le fiasco du week-end dernier, les a harangués. Au menu de cette mini causerie, redevenir soi-même. Un message explicité par le n°8, titularisé pour affronter l’Angleterre (samedi, 9h30).
« Chacun n’a pas été ce qu’il est, il faut au contraire être soi-même. Il ne faut pas avoir peur d’être différent, même si on est tous capitaines ou leaders dans nos clubs, il ne faut pas craindre de marcher sur les plates-bandes des autres. C’est comme ça qu’on amènera sa pierre à l’édifice. » A l’écart de cet appel libératoire, le staff. Marc Lièvremont et ses deux bras droits ont visiblement opté pour une prise de conscience des acteurs du match, les joueurs. D’où une posture en retrait. « Mon rôle cette semaine ? Dresser un cadre dans lequel ils peuvent s’exprimer, pour s’approprier ce match. J’attends une prise en charge individuelle pour qu’ils puissent donner le meilleur d’eux-mêmes. »
Médard : « Si on ne se rachète pas, on va passer des années difficiles »
Il est trop tôt pour savoir si cette invitation à faire « sauter le verrou dans les têtes » est passée, mais d’ores-et-déjà, il est clair que les joueurs veulent effacer le sentiment de honte née de cette qualification obtenue par la grâce du point de bonus défensif. « Si on ne se rachète pas, on va passer des semaines, des mois, voire des années difficiles, prédit Maxime Médard, l’ailier toulousain. Il n’y a pas à se poser mille questions : on a été nuls. Il faut se bouger les fesses, et mettre le combat en première ligne. » Du combat face au pack anglais, voilà qui parle naturellement à Jean-Baptiste Poux : « J’imagine qu’en France ça doit bien balancer, siffle le pilier toulousain. On sait comment ça se passe, mais on ne veut pas laisser cette image de nous. »
Sifflés à leur sortie du match perdu contre les Tonga, les Bleus veulent croire qu’une autre Coupe du monde peut commencer samedi matin. Comme pour ces Tricolores emmenés par Aimé Jacquet en 98, après un premier tour sans gloire. « Je ne vais pas vous rappeler 98 où personne ne croyait aux chances de l’équipe de France, lance Pascal Papé, le 2e ligne parisien, et puis voilà, ils sont devenus champions du monde. On a un quart de finale pour gagner et tout effacer. » A commencer par ce sentiment de ne pas être soi-même.