L'histoire d'amour touche à sa fin

- - -
Il fallait s’en douter. A une semaine de la finale de la Coupe du monde entre la France et la Nouvelle-Zélande, et alors que les Bleus ont parfois offert un spectacle indigeste pendant la compétition, les journaux néo-zélandais n’ont pas attendu le rendez-vous de dimanche prochain à l’Eden Park pour lancer le match. Il y a bien sûr eu les coupures de presse de dimanche, lendemain de qualification contre le pays de Galles, et qui assimilaient la qualification de la France à une insulte contre la Coupe du monde. Mais désormais, il y a les attaques frontales. Comme lors du match de poule avant la Nouvelle-Zélande, où les critiques étaient venues de Peter Bills, journaliste indépendant qui écrit, notamment, pour le New Zealand Herald.
C’est déjà lui qui avait chargé l’entraîneur français en lui reprochant d’aligner une équipe B contre les Blacks. Et qu’importe si seulement quatre changements ont été effectués entre la composition de cette équipe et celle qui a affronté samedi dernier les Gallois. La cible est toute trouvée : Marc Lièvremont, à qui il est reproché de se satisfaire de la victoire sans s’occuper outre mesure du contenu proposé. « Une histoire d’amour est brutalement morte à l’Eden Park samedi soir, écrit notre confrère. J’ai vu quelque chose que je ne pensais jamais voir de ma vie : une équipe de France effrayée, trop timide pour jouer (…) Marc Lièvremont et son équipe ont trahi l’héritage du rugby français. »
« Lièvremont a trahi l’héritage du rugby français »
Particulièrement connaisseur, Bills n’oublie pas de rappeler les glorieuses pages du rugby français, notamment écrite par les Gachassin, Charvet, Boniface ou encore Rives. « J’aurais aimé lui (Rives) demander ce qu’il a pensé de ce match, mais j’étais déjà six pieds sous terre », écrit l’éditorialiste. La page 15 du quotidien est d’ailleurs entièrement consacrée à nos Bleus puisque dans son édito, Andrew Mehrtens titre même : « Cette équipe de France chaotique est incapable d’aller gagner la Coupe du monde. »
Un peu plus haut, dans un article intitulé « Le difficile chemin de Lièvremont jusqu’à la finale », Wayne Barne écrit : « Si la Coupe du monde devait se jouer sur un format de poule à huit équipes, il y a longtemps que l’équipe de France serait déjà rentrée à la maison. » Et d’ajouter, plein de malice : « Les Tricolores peuvent se dire qu’ils ont réussi là où 18 autres équipes ont échoué. Ils ont survécu aux tensions du groupe, à des longues périodes de réflexion et au ridicule pour faire partie des deux derniers. » A la fois crainte et respectée des Néo-Zélandais, cette équipe de France semble avoir dilapidé tout le crédit qu’elle a gagné au fil des années. Au pays du beau rugby, la moindre faiblesse dans le jeu ne pardonne pas.