La France perd son casque bleu

Jo Maso - -
L’idée lui est venue naturellement. Si les Bleus retrouvent les All Blacks en finale de la Coupe du monde (le 23 octobre à Auckland), ils laisseront leurs hôtes évoluer en maillot noir, quel que soit le tirage au sort. Un geste de grande classe, à l’initiative et à l’image de Jo Maso. « Par respect pour cette immense équipe, on se doit de les laisser avec leur couleur mythique dans leur pays, argue le manager du XV de France. On a été très bien reçu ici. Les gens sont formidables. Ils donnent une superbe image du rugby mondial. » Au royaume de l’ovalie, les fans ne s’y trompent pas. A l’arrivée de la délégation française, il y a quelques semaines, Jo Maso a été de loin le plus acclamé. En Nouvelle-Zélande, tout le monde apprécie l’homme et personne n’a oublié le superbe joueur qu’il a été dans les années 1960-70.
Du haut de ses 25 sélections, l’enfant du Languedoc-Roussillon a marqué son époque. Talentueux au centre comme à l’ouverture, « le beau Jo », boucles blondes et col relevé, restera comme l’un des grands artisans du Grand Chelem 1968. Reconverti avec brio à la fin de sa carrière, il a accompagné les Bleus avec amour et passion. Mais après seize ans - et quatre Coupes du monde – de bons et loyaux services, Maso s’apprête à passer le relais. « Il faut savoir s’arrêter, glisse l’ancien joueur de Perpignan. L’équipe est de plus en plus jeune et moi, je prends de l’âge. Il est peut-être temps qu’un manager plus jeune ou plus compétent puisse me succéder. Je n’y vois aucun inconvénient. En plus, je serai toujours à la Fédération française de rugby puisque je suis élu jusqu’en décembre 2012. Tout ça est encore en discussion. »
Nallet : « Son départ va laisser un vide »
A 67 ans, Maso pourrait hériter de la présidence du comité de sélection. Une décision sera prise début décembre, après le Mondial. En attendant, l’annonce de son départ suscite de nombreuses réactions. « Ce n’est pas une surprise, glisse Bernard Laporte, l’ancien sélectionneur du XV de France. On en avait déjà discuté ensemble. Il a beaucoup donné au rugby français. Il a fait un très long et un très bon bail à son poste. C’est quelqu’un d’aimé et de généreux. C’est bon de travailler avec lui. » Homme de paix et de dialogue, Jo Maso s’est souvent employé à éteindre les incendies. Disponible, souriant et attachant, il a toujours fait l’unanimité au sein de la maison bleue.
« Ça va changer sans lui, reconnait Lionel Nallet. Jo était déjà là quand je suis arrivé en équipe de France (en 2000, ndlr). Son départ va laisser un vide. » Un vide qui sera très difficile à combler. « Il a sûrement envie de prendre du recul et de profiter un peu plus de sa famille, glisse Julien Bonnaire. C’est un cycle qui se termine pour lui. On est nombreux à jouer notre dernière Coupe du monde et on aimerait bien finir sur un titre. » La meilleure manière de dire au-revoir à ce grand monsieur du rugby français.
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Sa succession est ouverte|||
Alors que Jo Maso, manager du XV de France depuis 1995, a annoncé qu’il quittera ses fonctions à l’issue de la Coupe du monde, plusieurs noms circulent déjà pour prendre sa succession. Plusieurs anciens internationaux sont en tout cas très intéressés par le poste. C’est le cas de Philippe Sella, ex-international (111 sélections) et actuel entraîneur de l’équipe de France des moins de 20 ans, mais aussi de Raphaël Ibanez, ex-capitaine des Bleus, et de Fabien Pelous, recordman des sélections (118). Mais d’après nos informations, ce poste de manager pourrait disparaitre de l’organigramme de l’équipe de France, Philippe Saint-André, le futur sélectionneur des Bleus, étant plutôt partisan d’un staff rétréci.