Le blanc de la discorde

Les Bleus... en blanc - -
Cela aurait dû être une première victoire. Anecdotique, certes, mais loin d’être futile à quelques heures de la finale tant rêvée entre la France et la Nouvelle-Zélande. Victorieux du tirage au sort de la rencontre, les Bleus avaient le choix des armes ou plutôt des tuniques pour l’affiche de dimanche. Un mot de leur part, et les Tricolores se seraient parés de leur maillot bleu, obligeant ainsi les Blacks, pour raison de couleur confondante, à remiser leur mythique bouclier noir au placard.
Mais c’est un discours bien différent qu’a tenu Jo Maso à l’heure du choix, rappelant « la qualité de l'accueil du peuple néo-zélandais, l'organisation sans faille de cette compétition », ainsi que « l'honneur et le plaisir » qui était fait au XV de France « de jouer la finale de la Coupe du monde dans le stade mythique de l'Eden Park. » Un geste de gentleman, qui n’a pas trouvé véritablement d’écho favorable dans le vestiaire bleu.
Rougerie : « On dit « Allez les Bleus », pas « Allez les Blancs » »
Si Marc Lièvremont avoue « s’en foutre complètement », ne pas « être superstitieux » et rappelle que même en jouant « en rose et en gris, ce serait toujours France-Nouvelle-Zélande », il concède tout de même l’incompréhension de son groupe face à la décision du manager des Bleus. « C’est l’élégance de Jo Maso, mais je suis sûr que certains de mes joueurs auraient voulu priver les Blacks de leur couleur préférée. » Touché. Lionel Nallet y tient, justement, à son maillot bleu. « J’aurais voulu garder le maillot bleu. On laisse le maillot noir aux Blacks parce que c’est les Blacks. Nous avons le maillot bleu, c’est le maillot de l’équipe de France. Nous avons gagné ce tirage au sort. J’aurais aimé qu’on joue en bleu. »
Aurélien Rougerie comprend la politesse de son dirigeant. Mais ne l’approuve pas plus que cela. « C’est bien pour la petite histoire, raconte le Clermontois. Cela montre qu’on ne leur en veut pas. J’aurais souhaité jouer en bleu. C’est aussi notre marque de fabrique. On dit « Allez les Bleus » et pas « Allez les Blancs ». » Le début de polémique est palpable. Un de plus, si on tient compte de l’électricité ambiante qui règne dans le camp tricolore ces derniers jours. Mais il ne dépassera pas le stade du discours. Il y a une finale à jouer et à gagner, dimanche. Alors pas question de se disperser. « On aurait voulu garder le maillot bleu, mais ce n’est pas grave, insiste Rougerie. Il faudra mouiller ce maillot. Un maillot blanc mouillé vaudra bien un maillot bleu. » En cas de succès, il aura peut-être un peu plus de poids dans l’histoire du XV de France.