RMC Sport Coupe du monde de rugby

Le kapa o pango pointé du doigt

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Alors que se profile la finale de la Coupe du monde entre les All Blacks et la France, certaines voix commencent à s'élever dans la presse contre la violence du kapa o pango. C'est pourtant bien le haka le plus virulent qui devrait être réservé aux Français.

Ka mate ou kapa o pango ? Le débat n’est pas encore tranché au sein des All Blacks. Le deuxième ligne Ali Williams a révélé hier que le choix du haka pour la finale serait effectué plus tard dans la semaine. Le joueur, habitué aux plaisanteries en conférence de presse, a joué le grand mystérieux: « Je ne peux rien vous dire, c’est top secret ! On décidera dans le bus, sur la route du stade. Richie (ndlr : McCaw, le capitaine) enverra un texto aux gars, on entendra tous un “bip bip”, et on saura lequel a été retenu. » Devant le regard circonspect de l’assistance, le joueur a juré qu’il était « très sérieux ». On peut douter de la sincérité de la confession de Williams, puisque les Blacks - avant leur premier match contre la France - avaient répété le kapa o pango lors de l’entraînement du capitaine, une journée avant le coup d’envoi.

Quoi qu’il en soit, le débat autour de la danse guerrière reste entier. Le ka mate, le haka plus traditionnel, a été réalisé à trois reprises par les hommes en noir lors de cette Coupe du monde: contre Tonga, le Japon et le Canada. Le kapa o pango, version plus récente et violente, a lui été réservé aux Français, Argentins et Australiens. On peut penser qu’il sera de nouveau retenu pour la finale. Ce n’est pas du goût de Paul Sheehan, éditorialiste du Sydney Morning Herald, qui le juge trop violent, en particulier le geste d’égorgement à la fin. « Je pense que les Blacks vont dominer la finale de dimanche, mais les Néo-zélandais devraient se rappeler deux choses : 96% de la planète ne s’intéresse pas au rugby, et la violence suggérée par l’égorgement n’a pas sa place dans le sport ou dans le fair play », juge-t-il.

Papé : « Un haka un peu tuning »

Ces réserves ne sont pas nouvelles. Depuis 2005, lorsque les Blacks avaient pour la première fois utilisé le kapa o pango contre les Springboks, de nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer son trop-plein de violence. Du côté français, on se félicite que le haka le plus violent ait été réservé à la France : « C’est top, ça veut aussi dire qu’ils nous estiment. J’espère qu’ils nous préparent une nouvelle chorégraphie », lance même Pascal Papé. Et le deuxième ligne de reprendre provocateur : « Ce qui me fait rire, c’est que quand je regarde le haka des années 1950 ou 1960, celui de maintenant est un peu tuning maintenant. C’est un peu produit marketing. »

Voilà comment le haka peut devenir une force motivation. « Quand on est gamin, on rêve de cette équipe et de faire le haka, confie Morgan Parra. Mais en étant en équipe de France, on apprend à la détester, à détester ce maillot noir et ce haka. » Pour finir, jamais avare d’une pique bien placée, Pascal Papé n’oublie pas de rhabiller Ali Williams pour l’hiver. « C’est le plus roastbeef des Néo-Zélandais et on a l’impression que c’est devenu un guerrier. » Le match est lancé, bien avant le haka.