Le moment charnière ?

Dimitri Yachvili et Morgan Parra : la charnière face à la Nouvelle-Zélande - -
Ils étaient présentés comme des deux hommes de base autour de qui Marc Lièvremont souhaitait construire son équipe. Signe du destin, Morgan Parra et François Trinh-Duc comptent tous les deux 31 sélections et les deux ont étrenné leur premier maillot bleu lors du Tournoi 2008 et une victoire en Ecosse (26-7). Pourtant, à l’heure de se frotter à la Nouvelle-Zélande sur la pelouse de l’Eden Park samedi (10h30, heure française), le premier a « chassé » le second de son poste d’ouvreur. Sans animosité à en croire les principaux intéressés. « François est quelqu’un que j’apprécie et je ne veux pas qu’il y ait de tensions entre lui et moi, confiait Parra. En aucun cas, je ne souhaite devenir le numéro 10 de l’équipe de France. Ce poste, c’est le sien. »
Et Trinh-Duc de reprendre : « Je serai le premier supporter de Morgan et s’il faut l’aider à l’entraînement, ça sera avec plaisir. » Un signe qui ne trompe pas : quand le Clermontois se montrait très incisif dans ses réponses, le Montpelliérain semblait sonné. Presque absent. Lui refuse de se considérer « au fond du seau ». Il vient pourtant de subir un gros coup dur. « Ce n’est pas lui faire affront de dire que François a été moins bien, explique le Marc Lièvremont. Je ne le condamne pas. J’attends aussi de lui qu’il nous montre que c’est un compétiteur et qu’il vaut mieux que ce qu’il a montré sur ces deux matchs. (…) On a besoin à ce poste d’un joueur bien dans sa tête, qui nous fasse avancer. Depuis deux matchs, François doute. »
Trinh-Duc assume
Courageux, Trinh-Duc encaisse et assume. Déjà lors de sa sortie japonaise, il avait confié sa déception. A l’époque, il mettait sa mauvaise performance sous le compte de la tension et de l’appréhension de l’évènement. Désormais, le tout récent papa a du mal à se l’expliquer. « Je ressens que je ne suis pas au top de la forme, avoue-t-il. Je me sens peut-être un peu fébrile. A moi de retrouver la joie. Je ne le prends pas comme une sanction. Je suis le premier fautif. Je l’accepte complètement. Je le sentais venir. » De là à l’enterrer… Lui annonce qu’il rentrera sur le terrain avec un esprit revanchard et de mort de faim. Ses coéquipiers croient en lui. « J’imagine ce qu’il doit ressentir, confiait son ancien partenaire de club, Louis Picamoles. Il reviendra plus fort. Et puis, la vérité d’aujourd’hui n’est pas forcément celle du lendemain. Je suis bien placé pour vous en parler. »
Derrière ces choix se posent également plusieurs questions. Pourquoi Lièvremont sacrifie-t-il son joueur après l’avoir soutenu dans des moments difficiles depuis trois ans ? Morgan Parra sera-t-il assez solide pour résister à la puissance de la troisième ligne néo-zélandaise ? La charnière ne doit-elle pas être fixée ? Deux numéros 9 de formation peuvent-ils cohabiter, même si Parra a débuté sa carrière berjallienne à l’ouverture ? Revenu en grâce aux yeux du sélectionneur après avoir été montré du doigt contre le Japon, Dimitri Yachvili tranche en observateur attentif : « On a quelques minutes ensemble au compteur. Ça s’est assez bien passé. Nous n’avons plus de question à nous poser. » Lors de l’entraînement du jour, les deux hommes ont d’ailleurs répété les combinaisons. On les a vus échanger, se positionner. Il ne leur reste que trois jours pour parfaire les automatismes.