RMC Sport Coupe du monde de rugby

Le poids du maillot Black

Richie LcCaw va devenir le premier Black à 100 sélection

Richie LcCaw va devenir le premier Black à 100 sélection - -

C'est un club fermé. En un peu plus d'un siècle d'histoire, seules 1109 personnes ont porté le maillot noir à la fougère argentée. L'honneur suprême en Nouvelle-Zélande.

Peu de maillots sont à ce point associés à un pays. La tunique noire des rugbymen néo-zélandais en fait partie, au point d’être devenue un des principaux éléments de reconnaissance du pays à l’étranger. « Quand on voyage, les gens nous parlent immédiatement de ce maillot, du haka, et des kiwis », sourit Buck Shelford, ancien numéro huit de l’équipe championne du monde en 1987. D’abord vêtus d’une tunique bleue nuit, les internationaux néo-zélandais adoptent définitivement le noir au début du XXe siècle. Plus question désormais de changer. La couleur est devenue sacrée. Et même si d’autres équipes tentent aujourd’hui de lancer des jeux de maillots noirs (comme l’Angleterre lors de cette Coupe du monde), les All Blacks restent uniques.

Devenir membre du club fermé des joueurs l’ayant porté est l’honneur suprême en Nouvelle-Zélande, petit pays de 4,4 millions d’habitants où le rugby est roi. Chaque international dispose d’un numéro personnel. Pour l’histoire. Richie McCaw, actuel capitaine de la sélection kiwie, se souvient très bien de la première fois où il a enfilé la tenue, et notamment de la cérémonie d’après-match où il reçut sa casquette d’international. « Tout le monde s’était levé dans la pièce. C’est quand je suis rentré à la maison que j’ai réalisé: ‘‘Wow, tu es un All Black maintenant’’. Rien n’est aussi bien que de rentrer sur le terrain avec ce maillot, expliquait le joueur. Quand je l’enfile, je prends toujours un instant pour penser à ce que je suis en train de faire, à tous ces gars qui l’ont porté avant moi, en particulier ce numéro 7. C’est un club spécial, ces hommes en noir. Beaucoup de gens voudraient en faire partie, mais peu sont invités. »

Même Lomu est impressionné

Tana Umaga, premier capitaine d’ascendance polynésienne, retient la même chose. « C’est quelque chose auquel tu ne penses pas, c’est quelque chose qui t’est donné. Tu réalises que c’est un boulot chargé d’histoire, avec tous ces grands joueurs qui sont passés avant toi. Tu te sens plutôt spécial, mais tu as aussi beaucoup de pression et d’obligations qui vont avec. » Et même les plus grands sentent le poids de l’histoire sur leurs épaules quand ils enfilent la tenue. Jonah Lomu expliquait ainsi à quel point il se sentait comme un petit garçon juste avant de disputer son premier test match en 1994. La raison ? La présence de la légende vivante Colin Meads - dit “Le pin”, élu joueur du siècle du rugby kiwi - dans le squad des Blacks à l’époque en tant que manager. « Je ne savais pas si je devais lui serrer la main ou le saluer respectueusement. »

Devenir All Black implique un certain nombre d’obligations. « C’est avant tout perpétuer l’héritage de la meilleure équipe sportive de la planète », confiait Sean Fitzpatrick, 92 sélections pour les Blacks. Si la pression du maillot noir en a parfois submergé certains, l’opportunité reste exceptionnelle. John Kirwan, champion du monde 1987 et actuel entraîneur du Japon, soulignait à quel point ce maillot devint l’atout-maître de sa vie: « Rien ne peut être aussi bien que jouer pour les Blacks. J’étais apprenti-boucher à Mangere, j’ai quitté l’école à 15 ans, et maintenant, juste grâce à une équipe de rugby un peu spéciale, je vis à Venise ou Tokyo... C’est sacrément agréable, non? »