Les « Canucks » n'en font pas un drame

Jamie Cudmore - -
Il a été l’attraction de toute la semaine. Celui sur lequel tous les regards se sont braqués. Jamie Cudmore, 31 ans, huit saisons en France dont six à Clermont, est le fer de lance de l’équipe canadienne qui affronte les Bleus, dimanche à Napier (10h30 en France). On a pourtant cru que le grand deuxième-ligne serait laissé au repos, cinq jours seulement après la victoire renversante de son équipe contre le Tonga (25-20). Mais c’est plein d’audace que son entraîneur, Kieran Crowley, a décidé d’aligner le même XV de départ contre les Bleus.
« Bien sûr que c’est mieux d’avoir cinq ou six jours de repos, concède le technicien. Mais nous ne nous occupons pas de cela. Ça n’est pas une excuse. » Il faut dire que le rugby canadien n’attire pas les foules. Ils sont une poignée de journalistes à avoir fait le déplacement en Nouvelle-Zélande. Alors on aligne la grosse équipe à chaque sortie. Et là où les Blacks organisent des points presse tous les jours et de manière très officielle, c’est dans leur hôtel, après un simple coup de téléphone à l’attaché de presse de la sélection, que les « Canucks » (l’un de leurs surnoms) reçoivent les médias un à un.
Cudmore : « On ne peut rien dire »
Jamie Cudmore n’est pas le dernier à répondre aux sollicitations françaises. Alors forcément, quand on le lance sur l’iniquité du calendrier, on s’attend à une sortie fracassante. « Ça aurait été plus facile avec une semaine de repos entre chaque match, mais on ne peut rien dire et rien faire, confie-t-il lucide. Bien sûr que l’IRB veut garder les gros matches pour le week-end. Un France - Nouvelle-Zélande est bien plus intéressant qu’un Tonga - Canada. » Une belle leçon.
Alors, pour se motiver, les joueurs à la feuille d’érable aiment à se souvenir qu’ils ont déjà effectué un tournoi sur quatre jours aux Etats-Unis l’année dernière. Plus que jamais tournés vers leur objectif de qualification, ils ne font pas de cette inégalité une affaire diplomatique. L’ancien deuxième-ligne de cette sélection, Mike James, craignait que le Canada ne tienne qu’une heure avant de sombrer. Ses anciens coéquipiers n’attendent désormais plus qu’une chose : faire mentir l’ancien Parisien et Perpignanais.
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Ce qu’en pense Marc Lièvremont|||
« Je compatis. Tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. Les petits sont obligés d’enchaîner. Je mentirais si je disais que ça ne nous avantage pas. Cinq jours pour récupérer, c’est peu. Ça m’arrange aussi car nous avons des matches pas très récents du Canada. C’est une équipe qu’on connaît peu. Ça va nous donner l’occasion d’en tirer des enseignements. C’est la logique anglo-saxonne. Les puissants sont avantagés et les "petits" doivent se démerder pour être puissants, sinon ils assument. En France, on parlerait d’équité et on s’indignerait de ce genre de pratique. Mais ça a toujours été comme ça pendant les autres Coupes du monde. »