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Les tops et flops d'Angleterre-Afrique du Sud: la mêlée des Boks domine, Pollard se régale

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Les Sud-Africains, victorieux de l’Angleterre (32-12) ce samedi à Yokohama (Japon), ont bâti leur troisième titre mondial sur une ultra-domination en mêlée. Pris dans l’étau des Springboks, les avants anglais n’ont jamais réussi à relever la tête. Et face au défi physique imposé par les hommes de Johan Erasmus, c’est tout le XV de la Rose, pourtant en démonstration depuis le début de la compétition, qui s’est délité.

Les jambes de feu de Cheslin Kolbe, s’en allant inscrire l’essai qui scellera la victoire sud-africaine, nous feraient presque oublier que cette finale fût avant tout une affaire de buteur pendant plus de 65 minutes. Car avant la démonstration de l’ailier de poche des Springboks (74e), qui faisait suite à un essai de Makazole Mapimpi (66e), tous les points de la rencontre avaient été inscrits sur pénalité. Et à ce petit jeu, c’est Pollard, profitant de l’incroyable domination sud-africaine en conquête, qui avait su mettre les siens sur la voie du Graal.

LES TOPS

La mêlée a tout fait basculer

La première mêlée du match, où les Springboks ont fait très mal au paquet d’avants anglais, a donné le ton. Et jamais, tout au long de la rencontre, le XV de la Rose n’aura réussi à inverser la tendance. A chacune des épreuves de force, nombreuses au regard des fautes de main anglaises, la mêlée sud-africaine a étouffé des Anglais contraints à se mettre à la faute. Dans une rencontre qui s’est jouée au pied, toutes les pénalités concédées par les hommes d’Eddie Jones pour des mêlées mal négociées ont pesé lourd dans la balance. Au point de faire définitivement basculer la Coupe Webb Ellis du côté sud-africain….

Et un homme s’est chargé de punir l’indiscipline anglaise: Handré Pollard. Son échec au pied dès le début du match, alors qu’il pouvait inscrire les trois premiers points de cette finale sur pénalité, n’a pas entaché sa confiance. Dans une rencontre longtemps fermée qui s’est avant tout jouée sur le combat physique, Pollard a su faire fructifier la domination des siens en conquête. Auteur de 22 points, le pied de l’ouvreur des Blue Bulls, futur joueur de Montpellier, a permis de construire un succès que les jambes de Kolbe sont venus parachever. Mieux: outre tous ses points inscrits, Pollard a su s’imposer comme le métronome des Sud-Africains dans le jeu, notamment avec quelques chandelles parfaitement tapées. Encensés, à raison, pour leur jeu au pied tout au long de la compétition, les Anglais se sont faits prendre à leur propre jeu.

Mention spéciale, aussi, à Johan Erasmus. Comme il l’avait fait la semaine passée en demi-finales contre le pays de Galles, le sélectionneur sud-africain avait fait le pari de placer six avants sur le banc des remplaçants. Et le choix s’est avéré payant, notamment quand il a fallu remplacer le deuxième ligne De Jager, blessé, dès la 22e minute. Si les avants des Springboks ont pu asseoir leur domination en mêlée tout au long de cette finale, c’est aussi grâce au sang neuf injecté devant.

Dans le marasme anglais, un homme a tiré son épingle du jeu: Maro Itoje. Le troisième ligne aile, grand artisan du succès en demies contre les Blacks, a une nouvelle fois été dans tous les bons coups en gagnant un nombre incalculable de ballon dans les rucks. Mais il était trop seul….

LES FLOPS

Owen Farrell et Eddie Jones impuissants

Dans une finale qui s’est longtemps résumée à un duel de buteurs, Owen Farrell a été le premier à craquer. La pénalité manquée à la 54e minute, alors que les Anglais étaient menés 15-9 et pouvaient revenir à trois points de leurs adversaires, est l’un des tournants de cette finale. Même (surtout ?) dans le jeu, le chef d’orchestre du XV de la Rose n’a pas eu son rayonnement habituel.

Plus généralement, c’est le "triangle d’or" de l’Angleterre, Ford-Farrell-Young, qui avait déboussolé tant d’équipes depuis le début de ce Mondial japonais, qui a failli. Jamais, au cours de cette finale, l’attaque anglaise n’aura réussi à déborder les Sud-Africains. Et à ce titre, c’est toute la ligne arrière qui est à incriminer. Même à 25-12, après l’essai de Kolbe, les coéquipiers de Johnny May, qui n’a eu aucun ballon à se mettre sous la dent en bout de ligne, ne sont pas parvenus à enflammer cette rencontre grâce à l'énergie du désespoir.

Difficile de pointer des défaillances individuelles tant la faillite anglaise fût collective. Même Eddie Jones, qui a pourtant tenté quelques coups tactiques (entrée de Henry Slade à la place de George Ford dès la 49e), n’a pas inversé le cours du match. A l’instar de tous ses joueurs, et notamment du paquet d’avants qui a subi la puissance de feu sud-africaine pendant 80 minutes, le sélectionneur anglais a semblé impuissant.

Félix Gabory