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Lièvremont : « Les Anglais font l'unanimité contre eux »

Marc Lièvremont

Marc Lièvremont - -

Le sélectionneur du XV de France a joué sur la corde du rachat et de l'honneur à sauver contre le rival anglais pour motiver ses troupes avant le quart de finale de demain à Auckland (9h30). En se souvenant aussi, des exploits tricolores dans le passé.

Marc, avez-vous l'impression que quelque chose a changé cette semaine au sein du XV de France ?

Il y a forcément de la concentration, de l’implication de la part de tous. Elle est supérieure au match précédent, c’est une certitude. C’est lié au fait que c’est un match de phase finale, et qu’on a perdu notre dernier match. C’est assez logique.

Est-ce que cela présage d'un plus grand engagement pour ce quart de finale ?

Je ne peux que l’espérer. J’ai la certitude que mon équipe s’est bien préparée, que dans le passé, un groupe d’hommes vexé a su, derrière les mots, assumer ses responsabilités et donner le meilleur de lui-même. J’ai cette conviction et j’ai confiance en mon groupe.

Que pensez-vous de la composition de l'équipe d'Angleterre ?

C’est une équipe anglaise impressionnante. Mais on savait qu’elle serait costaude, équilibrée. Elle a mis cinq avants sur le banc, des garçons avec de la puissance, de l’expérience, du dynamisme. Elle s’est dotée de deux demis d’ouverture, un gaucher (Jonny Wilkinson, ndlr) et un droitier (Toby Flood, ndlr), de perforateurs, de joueurs d’espaces.

Que signifie le fait que Martin Johnson mette cinq avants sur le banc ?

Que le combat va être rude.

« 2010, un signe fort »

La rivalité existe-t-elle encore ou appartient-elle aux livres d'histoire ?

Bien sûr qu’elle existe encore. En ce qui concerne les Anglais, elle existe avec toutes les nations du monde, si j’en crois les messages de soutien des Néo-Zélandais, des Argentins et des Australiens qu’on croise dans la rue. Ils font l’unanimité contre eux et c’est aussi ce qui fait leur force. Cette capacité à se sublimer, à se retrouver seuls contre le reste du monde. Pour nous, le fait de jouer l’Angleterre est presque accessoire par rapport à l’importance de ce match. C’est un match qui va nous permettre de continuer la compétition. Et de nous racheter.

Cette équipe a-t-elle quelque chose de plus que ces devancières pour vaincre le syndrome anglais en Coupe du monde ?

Je ne sais pas. Elle a ses qualités, qui lui sont propres. C’est sûr que l’Angleterre a souvent très peu réussi aux Français, surtout dans des matchs à très fort enjeu. Ce groupe a su le faire en 2010, trouver les ressources pour l’emporter et réussir le Grand Chelem. Pour un groupe d’hommes en manque de confiance, c’est un signe fort dont il faut se souvenir.

Etes-vous impatient ?

Non. Je ne suis jamais impatient dans la préparation des matchs. Il faut savoir apprécier ces moments, cette semaine certes un peu compliquée, mais pendant laquelle on se sent vivant. Avec des contrastes d’émotion extrêmement forts. C’est aussi pour ça que j’aime passionnément ce métier, que je sais relativiser avec beaucoup de sérénité après mes coups de gueule, mes coups de colère, après avoir quelque part ouvert mon cœur.