Michalak : « Son discours me dépassait »

Frédérik Michalak, titulaire face à l'Argentine - -
Frédéric, comment appréhendez-vous le match face à l’Argentine ?
On va essayer de se lâcher un peu plus, d’avoir plus d’ambition. Il y a des choix tactiques mis en place mais nous sommes les acteurs sur le terrain. C’est à nous de faire déjouer les Argentins. On doit arriver à prendre du plaisir, ce que nous n’avons pas su faire face aux Anglais.
La guerre psychologique a commencé puisque le joueur argentin Felipe Contepomi a déclaré que les français n’avaient rien montré depuis le début de la compétition et que les ambassadeurs du french-flair avaient définitivement disparu. Cela vous inspire quoi ?
(Rires) C’est gentil de sa part. J’espère qu’il pourra nous donner des cours de rugby s’il est si fort que ça. On verra bien sur le terrain… En tout cas, il a une très belle droite (ndlr : Michalak fait allusion à la demi-finale face à l’Afrique du Sud. Contepomi a assené un coup de poing à un Sud-Africain)
Ce match sera chargé d’émotion avec la fin de carrière internationale de certains joueurs et de Bernard Laporte…
Je pense avant tout aux joueurs qui arrêteront après. Je joue pour mes coéquipiers. Ce serait le top si on pouvait leur offrir une belle sortie. Le collectif a été super tout au long de la compétition. Il y avait beaucoup d’enthousiasme même de la part de ceux qui n’ont pas joué. Sur ce mondial, je retiens avant tout la force du collectif. C’est ce qui nous a permis de tenir. Même si nous avons perdu, nous sommes heureux d’être ensemble.
Avez-vous ressenti de la frustration ces dernières années en équipe de France ?
Les joueurs sont là pour appliquer les consignes. On essaie de tout donner pour être les meilleurs. Après, c’est vrai qu’il n’y a pas eu de grande évolution sur les choix tactiques. On était assez prévisibles dans certains secteurs de jeu. On l’a vu contre l’Argentine et l’Angleterre.
Vous êtes plusieurs à évoluer au Stade Toulousain, une équipe qui base son jeu sur le mouvement. En avez-vous parlé avec Bernard Laporte ?
Non. Peut-être qu’on aurait dû se prendre un peu plus en main à certains moments, qu’on aurait dû faire des efforts de communication. Mais ça marche dans les deux sens. Les joueurs qui étaient en place ont suivi les consignes. Ca aurait très bien pu marcher. Contre l’Angleterre, on manque par exemple d’un peu de chance.
Avez-vous des regrets ?
C’est toujours pareil. Quand on perd, on essaie toujours de trouver les raisons. Les joueurs ont leur responsabilité sur le terrain. Quand on est mauvais, on le dit. Il ne faut pas chercher d’excuses.
Que pensez-vous de Bernard Laporte ?
Ce fut un plaisir de travailler avec lui. Mais ce n’est pas mon ami, c’est mon entraîneur. Je n’ai pas autre chose à partager avec lui que le rugby. Après, c’est vrai que son discours me dépassait un peu. Je n’adhérais pas complètement.
Qu’attendez-vous du prochain sélectionneur ?
J’espère que l’équipe de France sera forte. Les joueurs vont continuer à travailler pour progresser. Si je pars à l’étranger, c’est pour évoluer. J’espère également qu’il y aura plus d’osmose entre les clubs et l’équipe de France. Il faut travailler ensemble. C’est comme ça que l’équipe de France évoluera. On ne peut pas demander à un joueur d’avoir un bon jeu au pied alors qu’il n’y a personne derrière lui pour le corriger.