Parra, un pari fou ?

Habituel demi de mêlée, le Clermontois sera titularisé pour la première fois en équipe de France à l'ouverture face à la Nouvelle-Zélande ce samedi (10h30). Un pari audacieux de la part de Marc Lièvremont et qui divise le milieu de l'ovalie.

Pour le temps d’adaptation, il faudra repasser. Titularisé face à la Nouvelle-Zélande à un inhabituel poste de demi d’ouverture, Morgan Parra n’aura pas la possibilité de prendre tranquillement ses marques. Associé à Dimitri Yachvili, l’ancien joueur de Bourgoin-Jallieu aura la lourde tâche de conduire le jeu du XV de France, en lieu et place de François Trinh-Duc, laissé sur le banc de touche par Marc Lièvremont. Une lourde tâche que Vincent Moscato, consultant rugby pour RMC Sport, voit très bien le Clermontois s’acquitter. « Parra me fait penser à Michalak, mais avec plus d’énergie et de vivacité. Face au Japon et au Canada, il a réussi à fluidifier le jeu des Bleus et à mettre la main sur le ballon. Avec lui, nous aurons deux très bons buteurs sur la pelouse avec Dimitri Yachvili. Ce choix est risqué, je le concède. Mais il peut aussi nous apporter la solution décisive pour la suite de la Coupe du monde. » D’autant qu’à en croire Thomas Lombard, le Clermontois ne risque pas de crouler sous la pression. A ce poste de 10, ce n’est pas Parra qui était attendu. Mais le Montpelliérain François Trinh-Duc. « C’était le choix de Lièvremont, il était l'élu, rappelle l’ancien joueur du Stade Français. Le sélectionneur lui avait laissé du temps pour s'installer et c'était la bonne méthode. Morgan a réalisé deux superbes rentrées, il a apporté de la fraîcheur et en plus, il est redevenu compétitif au poste de demi de mêlée. Il peut passer à côté de son match, ça ne posera aucun souci. Il va jouer sans pression. »

Charvet : « On fait de l'équipe de France un laboratoire »

Des aptitudes pour le poste, un contexte a priori non vicié, Morgan Parra est en mesure de réussir sa « pige » de samedi. Membre, lui aussi comme Lombard, de la Dream Team rugby de RMC Sport, Denis Charvet en est beaucoup moins certain. « On improvise Morgan Parra à l’ouverture, on fait venir Doussain pour jouer en 10 alors qu’il est demi de mêlée, et on n’appelle pas Michalak qui est en pleine bourre. On fait de l’équipe de France un laboratoire en pleine Coupe du monde et face aux Blacks, il n’y aura pas le droit à l’erreur. »

Si l’ancien international (23 sélections) estime que Morgan Parra peut répondre au défi physique, il pense qu’il ne dispose pas de la palette technique nécessaire pour affronter l’ogre néo-zélandais. « Morgan Parra a du caractère, du tempérament et a toujours prouvé sa bravoure face à l’adversité, donc je n’ai pas de problème à ce niveau-là, déclare-t-il. Le seul petit souci qu’il va y avoir, c’est que Morgan Parra n’a pas un jeu au pied performant. Ce n’est pas nouveau. Contre les Blacks, il va falloir gérer et ne pas attaquer tous azimuts. » Le défi à relever s’annonce finalement peut-être beaucoup plus grand que prévu.