Quand les All Blacks prennent leur temps

Ma'a Nonu - -
Au bord du terrain, Richie McCaw n’esquisse pas le moindre sourire. Le coup de sifflet vient de retentir et le capitaine All Black ne se laisse aller qu’à de discrets applaudissements. Gagner un quart de finale de Coupe du monde ne lui fait pas tourner la tête. Ses 101 sélections l’aident à garder de la distance, à ne pas oublier que la Coupe du monde ne sera réussie pour lui et ses coéquipiers qu’en cas de victoire finale le 23 octobre. S’imposer contre l’Argentine (33-10), quatre ans après le retentissant échec de Cardiff face à l’équipe de France, était juste un passage obligé. Et malgré sa douleur à un pied, le troisième ligne néo-zélandais a rempli son contrat.
Comme Piri Weepu, qui était à ses côtés sur le banc de touche à la fin du match. Le demi de mêlée des All Blacks a endossé le costume du patron ce dimanche à l’Eden Park d’Auckland. Avec le forfait du génial Dan Carter, c’est lui qui est chargé de passer les pénalités. Il a été parfait dans le rôle (7/7), ne manquant qu’une transformation. Et il a longtemps permis à son équipe de conserver son sang-froid alors que les Argentins pouvaient faire ressurgir les pires souvenirs de 2007. L’essai du troisième ligne Julio Farías Cabello, meilleur plaqueur du match, a provoqué des sueurs froides aux spectateurs (31e). A la mi-temps, les Blacks n’avaient que cinq petits points d’avance (12-7).
Weepu bientôt à l'ouverture ?
Mais les Pumas se sont essoufflés à l’heure de jeu, après le carton jaune reçu par le Toulousain Nicolas Vergallo (58e). Kieran Read (67e) et Brad Thorn (77e) ont pu faire gonfler le score, jusqu’à le rendre amer pour Mario Ledesma et les siens. Graham Henry, qui avait sauvé sa tête après le fiasco de 2007, tirera sûrement quelques enseignements de ce match décevant en termes de contenu. A l’aile, un poste inhabituel pour lui, Sonny Bill Williams a encore des progrès à faire. Notamment en défense, après avoir laissé la porte ouverte près du regroupement sur l’essai argentin. Colin Slade et Aaron Cruden, qui sont censés couvrir le poste laissé vacant par Dan Carter, ne sont, eux, pas encore à la hauteur.
« Je suis prêt à parier que Piri Weepu jouera à l’ouverture en demi-finales », glisse ainsi Bernard Laporte, l’ancien sélectionneur des Bleus. Jimmy Cowan ou Andy Ellis pourrait alors revenir à la mêlée. Evidemment, ces difficultés paraissent exagérées au regard du niveau des autres nations en lice et notamment de l’Australie, qui est passée par un trou de souris contre l’Afrique du Sud quelques heures plus tôt (11-9). « Ce n’est pas leur meilleur match, mais il y a 33 points à la fin, souligne le nouvel entraîneur du RC Toulon. Ils font peur, quand même. » Car ils sont largement capables de faire mieux. Et qu’il ne reste que deux matchs avant de brandir le trophée Webb Ellis.