Rougerie, bien plus qu'« un simple soldat »

Aurélien Rougerie, pièce maitresse du dispositif de Marc Lièvremont - -
Il a longtemps pensé rester assis dans son canapé à regarder ses coéquipiers gambader sur les pelouses néo-zélandaises. Alors forcément, quand Marc Lièvremont décide de l’intégrer à un premier groupe élargi de 33 joueurs, Aurélien Rougerie (31 ans) sait qu’il lance sa course contre la montre. Victime d’une fracture de la malléole avec arrachement des ligaments juste avant les phases finales du championnat, il est à deux doigts de renoncer à sa troisième Coupe du monde. « Il a fallu beaucoup travaillé. Pari gagné, mais j’espère que ça va tenir », livrait-il méfiant au début de la compétition. Six semaines et six matchs plus tard, « Roro » est toujours dans l’équipe. Et même si une blessure à l’épaule contre les Tonga a failli le renvoyer à ses vieux démons, il participera dimanche à sa première finale de Coupe du monde.
Avec Vincent Clerc, le capitaine de Clermont est le seul joueur du groupe à avoir débuté l’intégralité des rencontres. Contre le Canada, il a même été promu capitaine par Marc Lièvremont. L’heureux élu parle de « fierté », « d’honneur ». Habitué à mettre l’ambiance, à beaucoup parler, voire à « faire le con » comme il le dit lui-même, il tient néanmoins à rester à sa place et présente volontiers comme « un simple soldat ». Un soldat qui en a vécu des campagnes. Depuis dix ans qu’il porte le maillot bleu après une première sélection en novembre 2001 contre l’Afrique du Sud, il cumule 70 capes sous le maillot bleu. A son actif, notamment, un Grand Chelem en 2002 alors qu’il ne compte que sept sélections, et deux demi-finales de Coupe du monde. La première est perdue sur le terrain en 2003 contre les Anglais. La deuxième, c’est des tribunes qu’il y assiste quatre ans plus tard à nouveau contre le XV de la Rose.
Bavard, chambreur et... cassant
Alors forcément, Rougerie ne veut pas vivre une nouvelle désillusion. Après les Tonga, il fait partie des anciens qui prennent « la compétition à leur compte ». Il est également là pour « tirer le signal d’alarme » si certains jeunes se pensent arrivés. « Il est très impliqué depuis longtemps. J’ai parfois eu des doutes, expliquait Marc Lièvremont à son sujet avant de lui confier le capitanat. Je l’ai trouvé moins mâture. Mais depuis trois ans, il m’a convaincu. Il rassure, prend la parole. C’est un mec positif. Il est bien dans sa tronche et est exemplaire. Aurélien s’est imposé comme une évidence. » Coéquipier depuis de longues années sous le maillot bleu, Damien Traille abonde dans son sens. « C’est un leader naturel. Que ce soit en club ou en bleu, quand il prend la parole, on sent que c’est un meneur d’hommes. »
Bavard et chambreur auprès de ses coéquipiers, il peut également se montrer cassant et méprisant lors des conférences de presse. Pas question, en effet, de faire le moindre effort quand il décide de ne pas parler. Comme ce fut le cas ce mercredi ou la semaine qui a précédé la rencontre contre l’Angleterre après l’humiliation contre les Tonga. D’ailleurs, quand on évoque les tensions naissantes dans le groupe, Rougerie renvoie rapidement les journalistes dans leurs 22 mètres. « Les tensions, je ne vois pas bien où elles sont à part peut-être dans les cervicales, livre-t-il ironique. Si vous voulez monter ça de toute pièce, comme vous voulez.