RMC Sport Coupe du monde de rugby

Sages comme les Bleus

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Souvent sanctionnée en raison de son indiscipline, l'équipe de France se rachète une conduite pendant cette Coupe du monde. A tel point qu'on se demande, aujourd'hui, si nos Bleus ne sont pas trop gentils.

L’image n’a finalement choqué personne. Julien Bonnaire en une du New Zealand Herald, quelques jours après la rencontre contre la Nouvelle-Zélande, et qui met la main sur la tête de Richie McCaw. Nos confrères kiwis ont bien essayé de comparer ce geste à une nouvelle barbarie française, mais le message ne passe plus. Tout simplement parce que les Français sont rentrés dans le rang. Il y a bien eu Pascal Ondarts, Cédric Soulette ou encore Franck Tournaire, tous encore dans les mémoires néo-zélandaises, mais depuis le début de cette Coupe du monde, les Français ne sont plus les indisciplinés du passé. « La discipline française est intéressante, mais ce n’est pas quelque chose d’acquis et de naturel, tempère Joël Judge, ancien arbitre international et aujourd’hui dans le staff des Bleus. Il faut toujours y revenir. »

Mais alors que les Français laissaient auparavant beaucoup de points en route, la bande à Marc Lièvremont se caractérise par sa bonne tenue. Ce sont même les joueurs de Thierry Dusautoir qui ont passé le plus de pénalités (quatorze en cinq rencontres). Mieux, contre la Nouvelle-Zélande, Carter n’a eu l’occasion de taper aux poteaux qu’à une seule reprise. Et contre les Anglais, la première pénalité dans le camp des Bleus n’est intervenue qu’à la 42e minute. La seule fois où la France a été indisciplinée, ça été contre le Tonga. On connaît le résultat. Une défaite 14-19 pour onze pénalités concédées contre neuf de gagnées. Comme quoi, le mal français n’est jamais bien loin.

Faire preuve de vice sans dévisser

Attention, néanmoins, à ne pas tomber dans l’excès inverse et à oublier la méchanceté (dans le bon sens du terme) nécessaire. « Le rugby est un sport de combat. On ne peut évidemment pas jouer en étant des agneaux, note Marc Lièvremont. Il faut se féliciter car on laisse peu de points aux adversaires au pied mais dans le rugby actuel, il faut faire preuve de plus de malice. Il faut savoir ralentir le ballon à bon escient. On manque parfois un peu de vice. » C’est là qu’intervient tout le travail de Joël Judge. L’ancien arbitre apporte son éclairage sur les rencontres précédentes. Il présente ainsi les arbitres à venir mais surtout, il reprend les matchs avec les joueurs et s’arrête sur chaque faute commise.

Pendant l’entraînement, il n’est pas rare de le voir intervenir pendant la séance. L’objectif est simple : « On essaye d’être subtil dans ce qu’on fait. Il faut amener l’arbitre à réfléchir avant de nous pénaliser. S’il nous pénalise facilement, c’est qu’on a été grossier. » La méthode semble avoir du bon. « Il a réussi à nous faire comprendre comment pouvait réfléchir un arbitre et comment il pouvait prendre des décisions sur des millièmes de secondes », confie Lionel Nallet. Déjà arbitrés par Monsieur Rolland lors du match contre la Nouvelle-Zélande, les Bleus ont déjà commencé à réviser leurs notes en vue de la confrontation contre le pays de Galles. Une demi-finale de Coupe du monde se gagne aussi sur ces détails.