RMC Sport Coupe du monde de rugby

Te Puna, petit coin de France en terre maorie

Maillot bleu et noir pour les enfants de Te Puna

Maillot bleu et noir pour les enfants de Te Puna - -

Avant Nouvelle-Zélande - France, RMC Sport vous fait pénétrer chaque jour dans l'ambiance néo-zélandaise. Découverte aujourd'hui du seul club franco-maori au monde, tenus par Stephen et Tommy. Entre fierté et tradition, les deux frères ont des idées plein la tête.

C’est en pleine campagne néo-zélandaise, au cœur de la Bay of Plenty nord - la baie de l’abondance en français - et à plus de deux heures d’Auckland, que Stephen et Tommy se sont installés par la force des choses. Te Puna, petite bourgade située dans une région connue pour la culture du kiwi, de l’avocat et de l’exploitation du bois, est également le village du seul club franco-maori du monde : le Te Puna Rugby Club. C’est en tout cas ce que proclament les deux frères qui ont décidé d’assurer l’héritage familial. En 1840 leur arrière-arrière-grand-père, Emile-Joseph Borell, quitte la Normandie pour s’installer à Te Puna, et finit par se marier avec une Maorie. Leur fils David crée alors en 1921 ce club avec deux autres Français.

L’histoire raconte que David Borell décède le jour-même de la création du club. « Il a effectué un haka. Il a coupé le ruban et est décédé. Il est mort pour le club », raconte fièrement Tommy, en montrant une photo noire et blanche de l’aïeul accrochée dans le club house. Encore plus fier, il ajoute que son grand-père était un All Black maori qui a refusé une sélection avec la Nouvelle-Zélande parce que sa femme allait accoucher. Tout est là pour rappeler aux visiteurs l’influence des deux cultures. Les couleurs des locaux : noir pour le maori, bleu pour la France, et des drapeaux des deux pays entremêlés et placés en bonne place sous cadre. Sans oublier un ancien polo de rugby de Tommy.

Une Tour Eiffel façon maorie

Sur le poitrail, on peut y lire « Te Puna », et dans le dos, juste en dessous d’une Tour Eiffel dessinée façon maorie, « Pirirakau ». « Ça veut dire rebelle, comme celui qui n’a pas cédé aux Anglais », explique Stephan en français dans le texte. « Les gens ici n’aiment pas les colonisateurs anglais, poursuit son frère. Ils ne voulaient pas reconnaitre le moindre lien entre l’Europe. Mais désormais, ils sont en train de comprendre que nous avons un lien avec la France. Par exemple quand vous venez dans notre marae, le lieu sacré des Maori, vous pouvez parler français, mais certainement pas anglais. »

Loin des folies de la Coupe du monde de rugby subsiste leur petit terrain, situé en bord de route, et qui accueille toutes les semaines les rencontres et entraînements des 800 licenciés, le tout encadré par une centaine de bénévoles. Actuellement en période de trêve, le Te Puna Rugby Club compte également faire parler de lui pendant la Coupe du monde. Pour le match entre la France et la Nouvelle-Zélande, le 24 septembre à Auckland, le club recevra une quarantaine de chefs d’entreprise français issus de l’industrie forestière pour une journée mêlant sport, culture et business. Mais Tommy et Stephen veulent aller encore plus loin : « On veut créer un lien et donner l’occasion à des joueurs français de venir dans notre club et on veut que des bons joueurs d’ici aillent un jour en France », termine Stephen. Une manière de perpétuer encore un peu plus la tradition.